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Repères : thème du pont : l'étude
Dans l'article précédent, il a été précisé que la construction du pont fragilise encore un peu plus la population indienne. Ce combat pour une cause perdue pousse un homme à combattre Diderot, le chef de chantier.
Il reste que les travaux constituent une prouesse technologique soumise à un calendrier strict.
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Les différentes phases du projet de construction se succèdent au fil des semaines. La phase II débute dans l'allégresse générale. Les comparaisons avec des tours célèbres fusent. On est dans la toute puissance technologique, un espace toujours plus vaste. Tout semble possible. L'ouvrage est en effet d'une audace inouïe :
« Les tours de Coca et Edgefront seront identiques, chacune constituée de deux immenses piliers d'acier espacés de vingt-sept mètres lesquels seront solidement amarrés par des entretoisements, puis innervés l'un à l'autre grâce à des montants de traverse, sorte de passerelles qui serviront aussi de plateforme où hisser hommes et matériels » (page 189).
Mais derrière cet ouvrage d'art, la réalité est moins idyllique puisque le travail s’enchaîne à des cadences infernales dans un bruit assourdissant. C'est « l'atmosphère explosive d'une mise à feu.» (page 231) On cherche en effet à tenir le calendrier en limitant au maximum les surcoûts inévitables, liés aux revendications salariales, aux conditions climatiques etc...Time is money.
Mais dans de telles conditions, les accidents arrivent vite surtout lorsque la sécurité se relâche pour obtenir un gain de productivité supplémentaire. C'est ainsi qu'une chute mortelle d'un ouvrier a lieu sur le chantier. L'enquête diligentée sur place apparaît comme une menace pour la poursuite de l'activité. Toutes les parties intervenantes sur le site ont bien conscience qu'il faut taire la dureté des conditions de travail. Mais les tensions sociales sont perceptibles. Les employés ne veulent pas être tenus pour responsables de l'accident imputable à la direction. C'est avec soulagement qu'est vu le classement sans suite de l'affaire. La morale de l'histoire ? Ce projet faramineux ne connaît aucune limite véritable. Tout s'achète dans le cadre de ces échanges mondialisés où l'interdépendance est la règle.
Mais cette vérité indépassable ne laisse pourtant pas Diderot de marbre : il se sent affecté par le décès de cet homme sur le chantier. Le projet lui paraît désormais « précaire » et « monstrueux ». Une sorte de révélation...(page 249)
Bientôt l'inauguration se fera en fanfare pour célébrer la naissance non plus d'un pont, mais du pont de Coca qui a trouvé sa place dans l'environnement...
Repères à suivre : l'étude : sa synthèse