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Analyse-Livres & Culture pour tous

Gazette littéraire

Les portes et fenêtres closes (Corbière)

 

La damnation : portes et fenêtres closes

Repères : thème de la porte : présentation

L'appel de la perdition

Nous avons vu dans l'article précédent que la porte était associée aux fenêtres. Illustrons une nouvelle fois ce point dans le poème de Tristan Corbière, tiré du seul recueil qu'il ait publié avant de mourir à trente ans.

Comparé à Villon et à Verlaine, Tristan Corbière se trouve aussi précurseur du mouvement du surréalisme ;

Voici donc un texte d'un grincement étonnant, d'une richesse extrême.

Dans l'œuvre qui est présentée, on entre en effet de plain pied dans le champ lexical de l'enfer et de la damnation. On trouve pour ce faire de nombreuses expressions du néant exprimées par des phrases négatives. La musique est tentatrice ; la notion du temps semble de surcroît infini dans ce décor extérieur qui s'oppose à l'intimité des lieux ceints par les portes et fenêtres.

On assiste à une interpellation absurde du poète à sa muse « Barbare » qui fait appel en vain aux sens de la vue et de l'ouïe.

Les portes et fenêtres restent bien closes à l'appel de la perdition jusqu'alors...

***
  PORTES ET FENÊTRES


N’entends-tu pas ? — Sang et guitare ! —
Réponds !… je damnerai plus fort.
Nulle ne m’a laissé, Barbare,
Aussi longtemps me crier mort !

Ni faire autant de purgatoire !…
Tu ne vois ni n’entends mes pas,
Ton œil est clos, la nuit est noire :
Fais signe — Je ne verrai pas.

En enfer j’ai pavé ta rue.
Tous les damnés sont en émoi…
Trop incomparable Inconnue !
Si tu n’es pas là… préviens-moi !

À damner je n’ai plus d’alcades,
Je n’ai fait que me damner moi,
En serinant mes sérénades…
— Il ne reste à damner que Toi !

 

Les amours jaunes, Tristan Corbière

http://fr.wikisource.org/wiki/Portes_et_fen%C3%AAtres

 

repères à suivre : présentation : la porte monumentale

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