15 Novembre 2012
Découvrons le caractère hermétique de cet ouvrage d'art. Qui d'autres pouvaient nous faire entrer dans une dimension atemporelle et fantasmagorique que Rimbaud dans un de ses poèmes tirés de son recueil Illuminations (1886) ?
Le jeu des couleurs, des sonorités, les antithèses signent le caractère merveilleux de ces ponts au pluriel qui se jouent de nous.
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Des ciels gris de cristal. Un bizarre dessin de ponts, ceux-ci droits, ceux-là bombés, d’autres descendant ou obliquant en angles sur les premiers, et ces figures se renouvelant dans les autres circuits éclairés du canal, mais tous tellement longs et légers que les rives, chargées de dômes s’abaissent et s’amoindrissent. Quelques-uns de ces ponts sont encore chargés de masures. D’autres soutiennent des mâts, des signaux, de frêles parapets. Des accords mineurs se croisent, et filent, des cordes montent des berges. On distingue une veste rouge, peut-être d’autres costumes et des instruments de musique. Sont-ce des airs populaires, des bouts de concerts seigneuriaux, des restants d’hymnes publics? L’eau est grise et bleue, large comme un bras de mer. — Un rayon blanc, tombant du haut du ciel, anéantit cette comédie."
Les Illuminations, Rimbaud
https://fr.wikisource.org/wiki/Illuminations#Les_Ponts
Repères à suivre : l'étude : un pont, ouvrage de l'homme