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Analyse-Livres & Culture pour tous

Gazette littéraire

Les ouvriers à l’époque égyptienne (Elisée Reclus)

 

Les ouvriers à l’époque égyptienne (Elisée Reclus)

 

La première grève de l’histoire
 Repères : thème de l’industrie : présentation

Chez les pharaons

Dans l’article précédent, il a été mis en avant la définition de l’industrie par les Encyclopédistes. Il est temps de partir à la recherche du traitement de l’industrie et de la condition ouvrière dans le temps. Le pari est audacieux car il n’a pas été simple de vous proposer des illustrations.

 

La Gazette a eu le privilège de découvrir ce texte d’un géographe, Elisée Reclus, qui nous raconte le récit de la première grève à l’époque des Pharaons. Remontons ensemble le cours du temps et  partons ensemble sur les rives du Nil.

***

"Dans les villes, la plupart des ouvriers étaient également des serfs héréditaires, dont le travail aussi bien que le corps appartenaient au maître, et que l’on payait uniquement en pain et en blé ; dans les grandes occasions on ajoutait un peu d’huile à la pitance ordinaire. Mais, lorsque le paiement se faisait seulement chaque mois, la nourriture fournie par les maîtres était généralement consommée dans la première quinzaine, et les artisans, dépourvus de toute ressource, devaient forcément jeûner ou voler des provisions dans les greniers publics et privés. Souvent aussi, ils se révoltaient, ou cherchaient par la grève à obtenir des salaires plus élevés. Puis, quand la mort les avait enlevés à l’existence misérable, on les jetait, cadavres anonymes, dans l’hypogée commun, après de très sommaires cérémonies, jugées suffisantes pour la tombe sans nom. Ainsi que l’a dit Maspero, en s’aventurant beaucoup trop dans le champ des prophéties — car une transformation pour le mieux a certainement lieu à l’époque contemporaine —, « l’Egypte peut changer de religion, de langue, d’origines, le maître peut s’appeler Pharaon, Sultan ou Pacha, le sort des fellâhin n’en sera pas moins toujours le même. »

Le musée de Turin contient un papyrus où Hatnekht, surveillant de travaux à Thèbes, a inscrit ce qui se passait autour de lui dans la 29e année du règne de Ramsès III. Les plaintes des ouvriers, les quartiers enclos de murs, leur croyance absolue dans la bonté du Pharaon, « si seulement il savait leur misère ! », la facilité avec laquelle les fonctionnaires les faisaient rentrer dans la sujétion, tout cela semble une description de quelque scène récente, par exemple de la situation des Cafres ou des Chinois dans les compounds du Goldrand au Transvaal. A trente-deux siècles de distance, nous sommes contemporains de ces travailleurs qui ne demandaient qu’à manger suffisamment pour remplir la tâche imposée.

Un régime qui comporte pour règle fondamentale que le travailleur ne possédera pas en propre le produit de son travail ne peut reposer que sur la terreur, et telle était en effet l’essence même du gouvernement égyptien. (…)"

 

L’homme et la Terre, Elisée Reclus

http://fr.wikisource.org/wiki/L%E2%80%99Homme_et_la_Terre/II/06#201

repères à suivre : présentation : "l’industrie" chez les Grecs…

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Le fait de rémunérer en nourriture s'apparente plus à l'esclavage qu'au salariat qui inclut un contrat et une rémunération. Cette notion interviendra bien plus tard ...
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