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Repères : thème du pont : l'étude
Dans l'article précédent, il a été présenté la genèse du projet et présenté les personnages principaux sur le chantier.
Pour mener à bien ce projet, il a fallu lever bien des obstacles avant le démarrage du chantier puis durant les différentes phases de construction.
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Ce nouvel espace en cours de redéploiement bouleverse en premier lieu la pérennité des habitations des riverains. Un projet d'une telle envergure ne peut en effet se dérouler sans entraîner de nombreuses expropriations. Au pays de la judiciarisation de la société, ces changements ne peuvent s'opérer sans contentieux. Car si les habitants de Coca ne manquent pas de faire valoir leurs droits auprès de l'entreprise Pontoverde, cette dernière avec une morgue non feinte, préfère envoyer une escouade d'avocats peu scrupuleux à l'effet d'intimider la population. A ce stade de la partie, il semble acquis que tous les coups sont permis, seule l'opération de construction compte... Opération d'intimidation bien vaine en vérité puisque le troisième pouvoir, les médias, s'en mêle avec une efficacité redoutable : Pontoverde est contraint de proposer aux riverains une juste et préalable indemnisation assortie d'un vaste programme de relogement en centre ville. Ces questions réglées avant son arrivée ne posent pas de problème de conscience à Diderot lequel est tout dévoué à l'œuvre qu'il a à accomplir.
Il sait aussi que d'autres problèmes vont surgir et l'occuper personnellement...
Les travaux d'une telle ampleur sont surveillés par différentes ligues de protection de la nature prête à en découdre avec l'entreprise multinationale pour faire respecter l'écosystème. Or, les couloirs de migration des oiseaux passent à proximité du pont, lequel entre -circonstance aggravante- dans le périmètre de nidification d'espèces rares. Tout cela met en alerte les ornithologues de tout poil. Ces derniers déposent une plainte qui conduit à l'arrêt du chantier pour trois semaines. Le temps perdu représente beaucoup d'argent sous l'ère de la mondialisation. La stupéfaction le dispute à la colère au sein de l'entreprise Pontoverde :
« Les ornithologues de Coca respirent tandis qu'à Bécon-les-Bruyères les directeurs financiers de Pontoverde s'étranglent en calculant le surcoût de cette plaisanterie, effarés d'apprendre que des oiseaux si petits, si légers, des chiures de la nature, puissent ralentir leur chantier superstar, et les directeurs de la communication, faisant preuve d'une réactivité exemplaire, imaginent illico une campagne – Pontoverde, l'écologie est notre valeur, pour vos enfants- et réclament aux équipes en place à Coca des photos de gosses câlinant des oiseaux sous la houlette des ingénieurs du pont, souriant face à l'objectif, le casque sur la tête, le sigle de la compagnie bien visible au-dessus des yeux.» (page 135). Si le temps n'est plus à la construction, il est à la communication...
Mais il existe un sujet qui n'entre dans aucun plan média : le sort réservé aux indiens...
Repères à suivre : l'étude : l'indifférence au sort des indiens