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Analyse-Livres & Auteurs-Culture

Les mathématiques, domaine réservé des hommes ?

 

Les mathématiques, domaine réservé des hommes ?

 

Repères : thème des mathématiques : présentation

 

 Un préjugé tenace

Après avoir vu la déclaration d'amour de Maldoror aux mathématiques, considérons si vous le voulez bien le fait que cette matière a été longtemps le domaine réservé des hommes. On a pensé en effet que l'esprit féminin s'accordait mal à la logique et à la rigueur. Nous verrons dans l'article suivant que le préjugé cède rapidement à l'évocation même du nom de Madame du Chatelet.

 

La misogynie ordinaire

Il vous est proposé de découvrir aujourd'hui une illustration de ce préjugé emprunt de misogynie au travers d'une œuvre de Jules Verne. Il est question dans le roman peu connu Sans dessus dessous de réaliser une opération incroyable : redresser l'axe de la terre à l'aide d'un coup de canon prodigieux. Pour ce faire, ces savants fous procèdent à des multiples calculs. Dans cette aventure, Miss Scorbitt aimerait se joindre à eux, mais on la raisonne vertement.

Les mathématiques sont ainsi ramenées à un problème de conformation cérébrale : lorsque l'esprit des femmes est inférieur à celui des hommes...

***

 

"Ainsi, monsieur Maston, vous prétendez que jamais femme n’eût été capable de faire progresser les sciences mathématiques ou expérimentales ?

À mon extrême regret, j’y suis obligé, mistress Scorbitt, répondit J.-T. Maston. Qu’il y ait eu ou qu’il y ait quelques remarquables mathématiciennes, et particulièrement en Russie, j’en conviens très volontiers. Mais, étant donnée sa conformation cérébrale, il n’est pas de femme qui puisse devenir une Archimède et encore moins une Newton.

Oh ! monsieur Maston, permettez-moi de protester au nom de notre sexe…

Sexe d’autant plus charmant, mistress Scorbitt, qu’il n’est point fait pour s’adonner aux études transcendantes.

Ainsi, selon vous, monsieur Maston, en voyant tomber une pomme, aucune femme n’eût pu découvrir les lois de la gravitation universelle, ainsi que l’a fait l’illustre savant anglais à la fin du XVIIème siècle ?

En voyant tomber une pomme, mistress Scorbitt, une femme n’aurait eu d’autre idée… que de la manger… à l’exemple de notre mère Ève !

Allons, je vois bien que vous nous déniez toute aptitude pour les hautes spéculations…

Toute aptitude ?… Non, mistress Scorbitt. Et, cependant, je vous ferai observer que, depuis qu’il y a des habitants sur la Terre et des femmes par conséquent, il ne s’est pas encore trouvé un cerveau féminin auquel on doive quelque découverte analogue à celles d’Aristote, d’Euclide, de Képler, de Laplace, dans le domaine scientifique.

Est-ce donc une raison, et le passé engage-t-il irrévocablement l’avenir ?

Hum ! ce qui ne s’est point fait depuis des milliers d’années ne se fera jamais… sans doute.

Alors je vois qu’il faut en prendre notre parti, monsieur Maston, et nous ne sommes vraiment bonnes…

- Qu’à être bonnes ! » répondit J.-T. Maston."

Sans dessus dessous, Jules Verne (ch 1)

http://fr.wikisource.org/wiki/Sans_dessus_dessous/Chapitre_I

 

repères à suivre : l'esprit des mathématiques venant aux femmes

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