10 Février 2011
Découvrons un étrange animal, le yahoo, créature apparaissant dans le dernier voyage de Gulliver de Swift, le pays des Houyhnhnms. Qui sont ces Houyhnhnms ? Des curieuses créatures : et si c'était la satire des hommes ?
repère : thème des animaux : présentation
Après la classification des espèces, découvrons aujourd'hui un étrange animal, le yahoo, qui ne figure dans aucune catégorie particulière. Précisons qu'il ne s'agit pas davantage d'un moteur de recherches...
Swift
Swift est un auteur irlandais du XVIIIe siècle. Son esprit brillant et satirique est demeuré célèbre. Il est notamment connu pour les Voyages de Gulliver qui ne sont pas des lectures pour enfants, mais bien des œuvres philosophiques. L'auteur nous fait voyager dans diverses dimensions, petite comme dans le voyage à Lilliput ou à l'inverse chez les géants.
Intéressons-nous au dernier voyage de ce médecin aventurier au pays des Houyhnhnms.
Pays des Houyhnhnms
Qui sont ces Houyhnhnms ? Des curieuses créatures.
Gulliver qui s'est vu débarqué contre son gré dans une lointaine contrée est frappé par des bêtes d'une saleté repoussante.
Ne serait-ce pas une représentation des ...hommes ?
Lisons un extrait savoureux :
"Le maître cheval commanda alors à un petit bidet alezan, qui était un de ses laquais, de délier le plus grand de ces animaux et de l’amener. On nous mit tous deux côte à côte, pour mieux faire la comparaison de lui à moi, et ce fut alors que yahou fut répété plusieurs fois, ce qui me donna à entendre que ces animaux s’appelaient yahous. Je ne puis exprimer ma surprise et mon horreur, lorsque, ayant considéré de près cet animal, je remarquai en lui tous les traits et toute la figure d’un homme, excepté qu’il avait le visage large et plat, le nez écrasé, les lèvres épaisses et la bouche très grande ; mais cela est ordinaire à toutes les nations sauvages, parce que les mères couchent leurs enfants le visage tourné contre terre, les portent sur le dos, et leur battent le nez avec leurs épaules. Ce yahou avait les pattes de devant semblables à mes mains, si ce n’est qu’elles étaient armées d’ongles fort grands et que la peau en était brune, rude et couverte de poil. Ses jambes ressemblaient aussi aux miennes, avec les mêmes différences. Cependant mes bas et mes souliers avaient fait croire à messieurs les chevaux que la différence était beaucoup plus grande. À l’égard du reste du corps, c’était, en vérité, la même chose, excepté par rapport à la couleur et au poil.
Quoi qu’il en soit, ces messieurs n’en jugeaient pas de même, parce que mon corps était vêtu et qu’ils croyaient que mes habits étaient ma peau même et une partie de ma substance ; en sorte qu’ils trouvaient que j’étais par cet endroit fort différent de leurs yahous."
Le voyage de Gulliver, Swift, Wikisource
repère à suivre : les hommes et les bêtes