Analyse-Livres & Culture pour tous
24 Juillet 2010
Le Tour de France littéraire nous conduit à Nancy avec Arthur Young, témoin de la Révolution française.
Repères: Tour de France : Arthur Young et Nancy
Dans l'article précédent, nous étions avec George Sand dans le Berry, aujourd'hui la Gazette vous propose de découvrir Nancy.
Cette ville sera présentée sous la plume d'un voyageur célèbre qui se trouva bien malgré lui spectateur des évènements de la Révolution Française, Arthur Young.
Il décrit la ville de Nancy d'où il reçoit des nouvelles alarmantes de la crise politique qui secoue la France : Necker est renvoyé...il apprend la hausse du prix du pain...
L'écho de la révolution vu de la province...
"Le 15. -- J'arrivais à Nancy avec de grandes espérances, car on me l'avait donnée comme la plus jolie ville de France. Je pense qu'après tout elle n'usurpe pas sa réputation en ce qui touche à la construction, à la direction et à la largeur des rues. Bordeaux est plus grandiose, Bayonne et Nantes plus animées ; mais il y a plus d'égalité à Nancy ; presque tout en est bien, et les édifices publics sont nombreux. La place Royale et le quartier qui y touche sont superbes. -- Des lettres de Paris ! tout est en désordre ! le ministère est changé, M. Necker a reçu le commandement de quitter le royaume sans bruit. L'effet sur le peuple de Nancy a été considérable. J'étais avec M. Willemet quand ses lettres arrivèrent, les curieux ne désemplissaient pas la maison ; tous s'accordèrent à regarder ces nouvelles comme fatales et devant occasionner de grands troubles. -- Quel en sera le résultat pour Nancy ? -- La réponse fut la même chez tous ceux à qui je fis cette question : Nous sommes de la province, il nous faut attendre pour voir ce que l'on fait à Paris ; mais il y a tout à craindre du peuple, parce que le pain est cher ; il est à moitié mort de faim, prêt par conséquent à se jeter dans tous les désordres. -- Tel est le sentiment général ; ils sont presque autant intéressés que Paris, mais ils n'osent pas bouger ; ils n'osent pas même se faire une opinion jusqu'à ce que Paris se soit prononcé ; de sorte que, s'il n'y avait pas dans les débats une multitude affamée, personne ne penserait à remuer. Ceci confirme ce que j'ai souvent noté, que le déficit n'eût pas produit de révolution sans le haut prix du pain.
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repère à suivre : Rimbaud et les Ardennes