Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Analyse-Livres & Culture pour tous

Gazette littéraire

Le temps de la guerre

Le temps de la guerre

  (Cabinet War Rooms, Londres)

 

Repères : tour d'Angleterre : Surrey

 

Résumé : Johnston Park dans le Surrey, est une magnifique demeure du 18ème siècle dotée d'une collection impressionnante de toiles de maîtres. Un tableau particulièrement est mis en valeur, c'est le portrait de Lady Catherine Johnston, aïeule de la famille, peinte par Gainsborough. Les deux enfants du Lord Johnston, Charles et Thomas, connaissent une rivalité qui est attisée par la transmission de l'intégralité du patrimoine à l'aîné. Le cadet ne peut s'empêcher de se considérer comme lésé. Les années passent et les deux fils entrent dans de prestigieux établissements. Puis, pour parfaire son éducation mondaine, les parents  loue à Charles un appartement à Londres. Ce dernier qui a toujours eu la passion pour le dessin entreprend de se mettre à la peinture et mène une vie de bohème loin de Johnston Park. Mais la Seconde Guerre Mondiale se prépare...

 

***

 

Ayant reçu l'ordre de mobilisation en septembre 1939, l'aîné fut versé à l'Amirauté, dans un emploi de bureau qui seyait à l'avenir de ce futur Lord tandis que que le cadet rejoignit les troupes d'infanterie. Deux destins différents, l'un que l'on protégeait, l'autre que l'on donnait en sacrifice à la Nation.

 

Charles fut nommé au sein du cabinet privé de Winston Churchill, Lord de l'Amirauté, puis Premier Ministre. Il fut conquis par l'humour et le courage de cet Homme d'État au passé déjà glorieux. De son côté, ce dernier trouva de l'agrément dans la compagnie du jeune Johnston dès qu'il sut son goût prononcé pour la peinture. Winston Churchill endossait les habits de peintre à ses heures souvent les plus noires. Black dog,comme il nommait lui-même sa dépression. La peinture devenait donc plus qu'un simple dérivatif... Durant les années de guerre, il n'était pas rare qu'il invitât ses amis ou relations à Chartwell peindre dans son atelier. Il y accueillait alors à la fois les peintres confirmés ou les amateurs. Naturellement Charles Johnston fut convié et aima à s'y rendre. Il goûta la compagnie des invités de Churchill. Dès lors, le jeune Lord ne trouva paradoxalement que des sources d'agrément à la guerre : cette dernière lui permettait de remplir son devoir militaire, honnêtement, tout en poursuivant, à ses heures perdues, sa vie d'artiste. Avec ce conflit dont l'issue lui semblait incertaine, il lui parut bien chimérique l'époque où il devrait reprendre le domaine familial. Pour l'heure, il vivait donc pleinement de manière libre et dégagée. Il devint un des rares hommes pleinement heureux durant cette période sombre. Chacun voit midi à sa porte.


Au début du mois de mai 1941, au cours d'une visite à ses parents,  il découvrit Johnston Park sous un autre jour. Il n'en fut guère troublé. Au contraire, cet illustre patrimoine semblait s'incarner dans la réalité des durs moments. Reconvertie en hôpital de campagne, la vaste demeure habituellement si paisible ressemblait littéralement à une fourmilière. Des ambulances allant et venant dans les allées croisaient des blouses blanches disséminées partout dans le parc. On décréta qu'il fallait remiser le mobilier dans les greniers. Mais on s'épargna la peine de défaire l'imposant tableau de Lady Catherine Johnston trop lourd à voler même en ces temps de rapine. L'aïeule de toute sa hauteur contempla dès lors le spectacle désolant des blessés sur des lits de camp en fer entreposés dans la galerie, réaffectée en salle commune. Elle en verrait d'autres, hélas...


A l'inverse de son frère, Thomas n'était guère fait pour un emploi de bureau réservé aux poltrons, « aux planqués »comme il aimait à le dire.Il voulut montrer à sa famille ce qu'était le courage, lui, qui avait tant d'énergie à revendre. Il n'avait rien à voir avec cet efféminé de Charles ! pensa-t-il. Rejoignant avec fièvre le front d'Afrique du Nord avec la 8ème armée de Montgommery, il fut blessé à la deuxième bataille d'El Alamein. Il reçut une blessure. Un fait d'arme, une citation. Soigné sur place, il reprit du service et finit la guerre en Europe avec les honneurs. Cette expérience de moments forts le poursuivit toute sa vie. Il comprit qu'il était né pour l'aventure ; il fut satisfait de voir que ses citations militaires firent enfin de l'effet auprès de Lord Johnston qui habituellement ne le comptait que pour portion négligeable. Thomas partit au Texas dans les zones pétrolières en septembre 1945.

 

repères à suivre : Johnston Park (4)

Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article