La mémoire fantôme dans la vie d'une autre de F. Deghelt (3)

Dans La Vie d'une autre, roman de Frédérique Deghelt, Marie, devenue amnésique, mène une enquête : qui était-elle donc ? La découverte d'un cahier tenu avant le traumatisme va la mener sur le chemin,  vers elle-même.

Repères : Thème de la Mémoire : l'étude du mois 

Après avoir présenté les deux œuvres consacrées à l'amnésie dans le champ littéraire, continuons l'analyse de La Vie d'une autre, roman de Frédérique Deghelt, publié en 2007 selon la progression suivante : 

• douze années effacées,
• l'inconfort de l'oubli,
• la mémoire fantôme
• la réconciliation avec soi-même

Victime d'une amnésie, Marie se réveille un matin avec des inconnus. Elle réalise qu'il s'agit de ses enfants et qu'elle a perdu le souvenir de douze années de sa vie. Mais quelle est la nature du traumatisme ? Qui est à l'origine d'un tel oubli ? Elle mène une enquête : qui était-elle ?

Sa quête d'elle-même la conduit à mener une véritable recherche qui se fait à l'aide des informations données par son entourage et des recoupements qu'elle effectue dans ses papiers, ses carnets et autres photographies en sa possession.

Elle voit le personnage qu'elle était avant son amnésie et le compare à la personne qu'elle sent être.

La distance entre ces deux identités confine à une béance. Pour l'instant, elle comprend qu'elle ne situe qu'à la surface des choses.

Cahier

Mais le mystère de cette « mémoire fantôme » va commencer à s’éclaircir grâce à une intuition -rendue par la situation- toujours plus fine.

C'est véritablement la découverte d'un cahier tenu avant le traumatisme qui va la mener sur le chemin,  vers elle-même.

À sa lecture, elle perçoit que son traumatisme a pour origine l'usure de son couple. Avec le temps, les relations avec Pablo se sont érodées ; son mari est devenu indifférent, les disputes ont surgi avec son lot d'incompréhension, de souffrances, de jalousie, de haine.

Pourtant la vérité reste toujours lacunaire sur le plan de l'explication recherchée :

« Tout ce que je lis ne me rattache à rien de connu, et je continue d'être la spectatrice attentive, mais détachée, de ma propre vie. Je suis l'accompagnatrice de la vie de l'autre. » (page 289)

Elle se résigne, elle n'a pas d'autre choix que d'avouer à son mari sa condition d'amnésique : « Elle est mon double et ma rivale et je lui dois l'amour retrouvé grâce à son renoncement (…) Maintenant, c'est elle ou moi » (page 325)

Elle joue à quitte ou double son avenir.

Repères à suivre  : la réconciliation avec soi-même