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Analyse-Livres & Auteurs-Culture

Le second point de vue narratif (Claudel)

 

Le second point de vue narratif (Claudel)

(Repères : thème de l'illusion : l'étude)


Il a été précédemment indiqué que les difficultés de compréhension linguistiques entre l'homme et le reste du monde créent un décor propice à l'émergence d'un discours plus intérieur qui permet à l'exilé de se protéger. Il reste que Monsieur Linh est confronté à une froide réalité, celle de son pays d'accueil.

 

L'amitié de Monsieur Bark

La solitude de Monsieur Linh dans son pays d'accueil est immense. Il ne voit pas l'hostilité et les moqueries dont il fait l'objet. Il ne vit que pour sa petite fille et notre héros est tout à son cheminement entre le passé et le présent. Il va s'extraire de cette retraite toute intérieure par l'intermédiaire d'une rencontre décisive. Dans un parc, il fait la connaissance d'un autre homme solitaire, Monsieur Bark, avec lequel un véritable dialogue se noue en profondeur. Dialogue surréaliste en vérité puisque les deux hommes ne parlent aucune langue commune. Les échanges verbaux sont pour le moins laborieux avant de devenir rapidement aisés et naturels grâce à la bonne volonté de ces deux êtres esseulés qui se sont véritablement choisis.

« Le gros homme est devenu son ami, même s'il ne parle pas sa langue, même s'il ne la comprend pas, même si le seul mot dont il se sert est « Bonjour ». Ce n'est pas important. D'ailleurs, le gros homme ne connaît lui-même qu'un seul mot de la langue de Monsieur Linh, et c'est le même mot. » (page 72) Cette amitié ne repose pas sur ce qui est dit par l'un mais sur ce que ressent l'autre. On échange des confidences, des photos, des cadeaux. Les deux hommes se sont choisis dans leur détresse commune. Cette amitié leur ouvre le cœur et permet de se comprendre au-delà des barrières culturelles.

 

Un narrateur omniscient 

Cette faculté de se comprendre et le bonheur d'être ensemble remplissent la journée de Monsieur Linh et de son ami. Ces moments deviennent des instants précieux où l'on revit. Sur le plan de la narration, on assiste en douceur à un basculement dans le point de vue narratif. En effet, la sphère de pensée du narrateur-écrivain va s'élargir aux propres pensées de Monsieur Bark. Cette amitié le fait ainsi entrer dans le monde intérieur de Monsieur Linh.

Au cours de la scène finale, Monsieur Bark se livre tout entier :

« Monsieur Bark a envie d'embrasser tous ces gens attroupés, tous ces inconnus qu'il aurait assommés quelques instants plus tôt. Son ami est vivant. Vivant ! Ainsi, songe-t-il, ce peut être aussi cela l'existence ! Des miracles parfois, de l'or et des rires et de nouveau l'espoir quand on croit que tout autour de soi n'est que saccage et silence ». (page 159)

Il donne à son ami celle qui lui reste qu'il appelle la petite fille de Monsieur Linh...La réalité cède le pas à l'illusion qui a pourtant le dernier mot dans ce roman, sauf à considérer que la vie est elle-même un songe...

 

repères à suivre : l'étude : sa synthèse

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