23 Mars 2012
Un malade modèle
(repères : thème du corps : l'étude-le bonheur d'être malade !)
Dans l'article précédent, il a été précisé que Hans Castorp, héros de la Montagne magique de Thomas Mann, a attrapé un rhume et se trouve ainsi appelé à entrer dans la communauté des gens malades.
Loin de se trouver pris au piège par la malchance, Hans goûte en réalité les délices de la situation en devenant un malade modèle, ce qui n'est pas difficile lorsqu'on s'écoute beaucoup comme notre jeune héros. Il n'a jamais été aussi heureux de sa vie.
Il participe à la vie du sanatorium en partageant le mode de vie des curistes ; il se lie d'amitié et trouve sa place au sein de l'établissement de soins. C'est qu'on s'y amuse vraiment, on y joue, on y festoie, on y fait bonne chère et les réjouissances sont nombreuses. Une idylle se noue même entre Hans et une jeune Russe. Un dîner mémorable tourne à un moment de vérité entre ces derniers. Il vit avec une folle intensité pour la première fois de sa vie.
Le spectre de la mort
Mais peut-on oublier les raisons qui vous conduisent à demeurer dans un tel endroit même le plus plaisant de la terre ? La réponse est évidemment négative.
La mort rode en effet dans les chambres du sanatorium même si chacun pratique l'esquive. Nul ne veut regarder en face le fait que la guérison n'est jamais certaine.
Cependant la montagne magique est dotée d'un pouvoir merveilleux, celui de garder dans un cadre éthéré ses membres. Ces derniers évoluent dans un cocon dont il est difficile pour eux de s'extraire. Hans Castorp y effectuera un véritable parcours initiatique. Il comprend qu'il n'est pas fait pour la vie dans « la plaine ».
Il se recrée alors un monde bien à lui, une vie épurée des contingences matérielles dans les cimes. C'est ainsi qu'il prolonge sa cure d'année en année. Au lieu de rester quelques mois, il restera sept ans en dépit de l'intervention de sa famille pour le faire revenir à Hambourg. Le temps, comme toutes les préoccupations de la vie d'en bas, devient irréel.
Or un événement va le contraindre à redescendre de cette montagne magique : « crépuscule, pluie et boue, rougeur trouble du ciel incendié. Un sourd tonnerre résonne sans arrêt, emplit l'air humide, déchiré par des sifflements aigus (...) » (page 814) Le temps de la guerre rappelle Hans Castorp à reprendre sa place parmi les gens bien portants de la plaine...
Repères : thème du corps : la synthèse de l'étude le bonheur d'être malade