5 Février 2012
Repères : thème du ciel : présentation
Conception philosophique du Ciel
Quittons la mythologie pour une conception cette fois philosophique du ciel avec Plotin, auteur du IIIème siècle avant Jésus Christ. La structure de l'univers fait l'objet de la deuxième Ennéade, court traité, consacré à la physique et au cosmos.
Pour cet auteur, la philosophie et la destinée de l'âme sont indissociables, l'une s'impliquant dans l'autre. Sa pensée néoplatonicienne a influencé la pensée occidentale.
Dans l'extrait d'aujourd'hui, il ne fait qu'identifier les mille et uns préjugés courant sur l’influence des astres, préalables à toute démonstration philosophique, cette fois basée sur la logique.
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"Nous avons déjà dit ailleurs que le cours des astres indique (σημαινει) ce qui doit arriver à chaque être, mais qu’il ne produit pas tout (οὐ πάντα ποιεῖ), comme beaucoup de personnes le pensent. Aux raisons que nous avons déjà données à l’appui de notre assertion, nous allons joindre des preuves plus précises et de nouveaux développements; car l’opinion qu’on a sur cette question n’est pas sans importance.
Il est des gens qui prétendent que les planètes par leurs mouvements produisent non seulement la pauvreté et la richesse, la santé et la maladie, mais encore la beauté ou la laideur, bien plus, les vices et les vertus. Selon eux, ces astres à chaque instant, comme s’ils étaient irrités contre les hommes, leur font faire des actes dans lesquels ceux-ci n’ont rien à se reprocher, puisque c’est par l’influence des planètes qu’ils sont portés à ces actes. On ajoute que, si les planètes nous font du bien ou du mal, ce n’est pas qu’elles nous aiment ou qu’elles nous haïssent, c’est qu’elles sont bien ou mal disposées pour nous par la nature des lieux qu’elles parcourent. Elles changent de sentiment à notre égard selon qu’elles sont sur des points ou qu’elles déclinent (ἐπὶ κέντρων ὄντες ἢ ἀποκλίνοντες). Il y a plus : on prétend que certains astres sont malfaisants, que d’autres sont bienfaisants, et que cependant les premiers nous accordent souvent des bienfaits, tandis que les seconds deviennent souvent nuisibles. On dit qu’ils produisent des effets différents selon qu’ils se regardent (ἀλλήλους ἰδόντες) ou ne se regardent pas, comme s’ils ne s’appartenaient pas à eux-mêmes et qu’ils fussent tels ou tels selon qu’ils se regardent ou qu’ils ne se regardent pas. Un astre est bon quand il regarde celui-ci, et il change quand il regarde celui-là. Il regarde de telle ou telle manière (ἀλλως ὁρᾷ) quand il est dans tel ou tel aspect (εἰ κατὰ σχῆμα τόδε ἡ ὄψις). Enfin tous les astres ensemble exercent une influence mêlée qui diffère de l’influence propre à chacun d’eux, comme plusieurs liqueurs forment un mélange qui possède d’autres qualités que chacune d’elles. En présence de ces assertions et d’autres de même espèce, il importe d’examiner chacune avec soin. Voici comment il nous semble convenable de commencer.(...)"
Ennéades II, livre III, Plotin, traduction MN Bouillet
http://fr.wikisource.org/wiki/De_l%27influence_des_astres
Repères : thème du ciel : les passions sous les cieux