Analyse-Livres & Culture pour tous
22 Septembre 2010
Dans son journal, Jules Renard se révèle, à mesure des pages, écorché, insatisfait. Il n'a jamais cessé d'être au fond ce Poil de Carotte...
Repère: le thème du journal
Dans l'article précédent, nous avons vu que le journal de Jules Renard est un recueil d'aphorismes spirituels, mais il ne saurait être réduit à cela.
L'auteur se fait sensible et pudique :
« Je suis né avec deux ailes, dont une cassée » (16 mars 1899).
L'écrivain se révèle, à mesure des pages, écorché, insatisfait.
Il n'a jamais cessé d'être au fond ce Poil de Carotte ; il dénomme sa mère d'ailleurs, Madame Lepic.
Le suicide de son père le laissera sans inspiration pendant un an.
Son travail littéraire ne le contente pas :
« Je vaux peu par les pièces que j'écris, beaucoup par celles que je n'écris pas. » (12 août 1902).
Sa référence ultime est Victor Hugo (17 novembre 1901).
Il s'est forgé un idéal littéraire difficilement atteignable, il s'ennuie dans la vie, il baille à loisir. Il n'est pas heureux.
Lucide, il note aussi :
« à quoi bon ces cahiers ? Personne ne dit la vérité, pas même celui qui les écrit » (27 janvier 1910). il dira autrement qu'écrire, c'est presque toujours mentir (12 août 1902).
Cependant, il a conscience de la valeur littéraire de son journal destiné à être lu :
« Je lis des pages de ce journal : c'est tout de même ce que j'aurai fait de mieux et de plus utile dans ma vie. » (14 novembre 1900).
Les derniers mots de Jules Renard sont bouleversants lorsqu'il font référence au temps où il était « Poil de Carotte » (6 avril 1910).
Découvrons, dans un prochain article, un autre journal d'une personne qui serait nécessairement devenu écrivain si les temps avaient été cléments : le journal d'Hélène Berr.