Analyse-Livres & Culture pour tous
21 Septembre 2010
Le journal de Jules Renard comporte des caractéristiques que l'on peut lier à sa misogynie, son athéisme et son style inimitable.
(repères : thème du journal : l'étude)
Dans l'article précédent, nous avons vu les principales caractéristiques de ce journal, nous nous interrogerons aujourd'hui sur le fond du journal.
Caractéristiques
Le sujet d'étude du journal reste donc Jules Renard par lui-même. Ce n'est pas un simple recueil d'aphorismes.
Trois caractéristiques majeures peuvent être relevées à la lecture de cet ouvrage ; l'auteur se revendique :
En premier lieu, il n'est pas contestable que l'écrivain s'affiche comme un parfait misogyne. Les propos sur la bêtise des femmes émaillent le journal dès son commencement. On sent son agacement devant des comportements de la vie courante :
« Omnibus. L'indélicatesse des femmes qui trichent pour passer de force avant leur tour donne l'idée de ce qu'elles feront à la porte du paradis. » (8 décembre 1905)
Dans la même verve, l'homme célèbre se revendique comme un athée patenté qui porte un regard sévère sur l'intolérance religieuse :
« Les bigotes craignent la puissance de Dieu comme les influences de la lune. Pouah ! Les vilaines gens !
Elles haïssent celui qui ne va pas à la messe, mais pas jusqu'à refuser son argent. Les autres ont des bouches, au pis, des gueules : elles ont sous le nez des pots de chambre.
Elles font de Dieu un être grotesque à leur image. S'il ne détourne pas sa face, c'est que, vraiment, sa pitié est infinie.
De la dévotion fermentée. Leur âme pue le cierge qui coule, l'encens, une odeur de derrière jamais lavé ». (19 août 1903)
L'esprit et le style inimitable de Jules Renard s'associent à l'envi pour former un tout incomparable. Ses aphorismes font montre d'une tendance à l'ironie :
« l'amitié vide plus que l'amour » (18 janvier 1898) ;
« La mort des autres nous aide à vivre. » (5 octobre 1892)
« Pas si fort ! Vous dîtes toujours la vérité en criant. » (16 novembre 1897)
« Pour être original, il suffit d'imiter les auteurs qui ne sont plus à la mode. » (21 mars 1899).
Cependant le journal ne saurait se réduire à un simple recueil d'aphorismes aussi spirituels soient-ils : on découvre en réalité un Jules Renard, plein de sensibilité...
Repères à suivre : Le journal d'un écrivain, entre révélations et émotions