Analyse-Livres & Culture pour tous
8 Avril 2022
Victor Confiant remercie son auditoire et se retire de la scène. Le meeting est fini et pour s'opposer à l'extrême droite, l'espoir repose sur les épaules de cet homme. Achevant son article, Laure Léry pressent qu'une révolution douce peut surgir des urnes. Reste à trouver l'en-tête : elle l'intitule : un parfum de 1981 !
Repères : thème du pouvoir : le feuilleton
Résumé : la chroniqueuse Laure Léry du service politique d'un grand quotidien français assiste au dernier meeting de campagne de Victor Confiant, candidat resté en lice au second tour de l'élection présidentielle avec le champion de la table rase d'extrême droite. La journaliste relit son article qui brosse le parcours politique de cet homme d'influence avant de le compléter au vu de l'allocution finale. Entrant sous des applaudissements nourris, le héros du jour va prendre la parole.
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Du haut de la tribune, Victor Confiant apparait les bras en l'air, triomphant, avec un micro-cravate. Des ovations se font entendre. Il remercie son auditoire avant de réclamer la parole par un geste d'invitation au silence. Le public est tout ouïe. Comme à son habitude, il s'exprime sans pupitre et sans notes. Une mémoire prodigieuse au service d'un tribun-né. Il connait parfaitement son texte ; son discours bien rodé dans une salle toute acquise à sa cause lui offre du champ pour l'improvisation. Il ne s'en privera pas...
Avare de confidence sur lui-même et sur sa famille, lent à l'épanchement, il offre au contraire le spectacle d'un homme en plein dévoilement, plus proche des Français que jamais. Il rappelle ses origines modestes d'un pupille de la nation, boursier, parvenant ainsi aux grands corps de l’État. Son curriculum vitae est en effet édifiant. Il en parle néanmoins avec modestie. « Je ne suis qu'un humble Serviteur de l’État, c'est ma destinée, la seule qui fasse que j'y ai pensé à chaque instant de ma vie et pas seulement à l'âge où d'autres commencent à se raser ! » La référence fait rire l'auditoire. Des hourras s'entendent même. « J'ai cela dans le sang ! Je dois tout à cette Nation qui m'a permis de grandir ! J'ai une dette à son égard. C'est pourquoi je n'attends rien d'Elle ni pour moi ni pour ma famille, ni pour mes amis, ni pour mes compagnons politiques ! » A ces mots, la foule s'enflamme pour ce champion d'un État impartial. Il poursuit son discours sur l'origine de son engagement en politique, sa conviction incarnée dans l'héritage socio-démocrate des bâtisseurs de l'Europe. Il vilipende sur ce sujet les souverainistes de tout poil qui font les yeux doux aux autocrates et autres dictateurs patentés. Car la colère des rues et dans les urnes dénote avant tout une faillite du politique « Quarante années de promesses non tenues, de démagogie politicienne de bas étage, de manifestation de l'incurie des partis politiques de Droite comme de Gauche à résoudre les difficultés quotidiennes des Français. La justice prend tout son sens en ces temps troublés ! Que cesse désormais les accommodements avec la Morale. La triche organisée. C'est bien fini, mes chers compatriotes ! Le temps de la Justice sociale et fiscale a bien sonné... »
Des applaudissements jaillissent de toute part ; la salle s'embrase. Puis, il remercie son auditoire et se retire de la scène. Laure Léry comprend que l'espoir du peuple repose sur les épaules de cet inconnu. Achevant son article, elle pressent qu'une révolution douce peut surgir des urnes. Reste à trouver l'en-tête : elle l'intitule : un parfum de 1981 !
Le soir même, le candidat rejoint son fief de Fontaines en Dordogne d'où il votera le dimanche suivant avec sa famille.
C'est dans ces conditions que la France a élu Victor Confiant avec 52% des voix aux fonctions de Président de la République. Il n'y a eu qu'un incident malheureux pour ternir ce triomphe électoral : sa permanence du sud ouest a brûlé dans sa totalité.
Triste présage !
Repères à suivre : thème du pouvoir : l'investiture de Victor Confiant (3)