Analyse-Livres & Culture pour tous
5 Mai 2010
Le printemps évoque une saison pleine de charme avec l'éveil de la nature comme Jules Renard aimait à le contempler au petit matin...
Repères : thème des saisons : le cycle des saisons (1)
Dans l'article précédent, nous avons défini le sommaire du mois consacré au thème des saisons. entrons aujourd'hui dans le cadre du cycle naturelle des saisons, si vous le voulez bien.
Prenons-nous le temps d'assister au spectacle de la nature ?
La Gazette vous propose de lire le récit d'un homme prêt à quelques compromissions avec la vérité pour s'adonner à un plaisir simple : celui d'être témoin du lever du soleil en ce début du printemps...
Il ne s'agit pas de n'importe quel homme, mais de Jules Renard que nous aimons particulièrement dans ce journal.
On associe Jules Renard à Poil de Carotte et on aurait raison tant cette œuvre est autobiographique, mais on ignore que l'auteur a commis d'autres ouvrages sensibles tels que son journal, bijou de lucidité, d'esprit et de férocité, mais aussi Histoires naturelles, où on le retrouve en observateur admiratif des animaux.
Aujourd'hui, nous restons dans le registre naturaliste. Jules Renard est là, nous rend complice du plus beau des spectacles...
« Voici un pauvre lever de soleil que j'ai pris, cette année, de la terrasse de mon jardin.
Sautant du lit à quatre heures, je dis d'abord pour rassurer ma famille inquiète : « C'est une migraine qui m'empêche de dormir ! » Je ferme la porte (sans cette précaution, le jardinier croirait à un voleur), je me promène dans les allées et je surveille l'horizon. Il n'est pas facile de deviner à quel point exact de l'orient le soleil va paraître. Faute de patience, on a presque toujours le dos tourné quand il se lève. C'est ce qui m'arrive. (…)
Cependant, la terre s'éveille ; les coqs s'enrouent ; le coq du clocher accroche au passage une vapeur blanche échappée au soleil ; la cheminée du moulin fume, et le château continue de dormir. Une cloche tinte au vent du nord : signe de beau temps...
Une pie et un loriot traversent, deux tourterelles fendent l'air, et un merle que je connais cherche sans doute, d'une haie à l'autre, son petit sifflet d'un sou. Là bas, un lapin, qui croyait l'homme à jamais disparu, n'entend rien et s'amuse, et près de moi une fleur s'ouvre : elle ouvre lentement, comme une fillette, ses lèvres pures où brillent la rosée. Et c'est tout. »
L'œil clair, Jules Renard, (source Litteratus)
Repères à suivre: Le printemps des sentiments (Cros)