10 Juillet 2012
La salinité de la mer méditerranée
(Repères : carnet de voyage : Algérie)
Revenons à notre voyage entrepris depuis quelques jours. Nous arrivons désormais en Algérie, terre de contrastes : la bordure du bleu intense de la méditerranée, l'immensité du désert...
Voyons aujourd'hui l'étonnement du Bédouin devant l'immensité de la mer qu'il scrute à l'horizon. La rareté de l'eau dans le désert donne à cette matière une valeur unique. Il y boit avidement avant de découvrir la salinité de cette mer.
Quel est donc ce phénomène ? Consultons les fins géologues :
"On rappellera à cet égard qu'il y a cinq millions d’années, le détroit de Gibraltar s’est refermé réduisant la mer Méditerranée à un lac très salé. On nomme cet épisode la crise de salinité messinienne. Des dépôts salins au fond de la mer produits durant un million d’années témoignent de ce phénomène. Puis la différence de niveau entre l’Atlantique et la Méditerranée a causé la rupture de la digue naturelle de roche qui bloquait le détroit. Une énorme cascade a alors vraisemblablement rempli en quelques mois à quelques années le volume d’eau qui avait pris des centaines d’années pour s’évaporer". (source http://fr.wikipedia.org/wiki/Mer_M%C3%A9diterran%C3%A9e)
Traduisons tout ceci en vers sous la plume d'un grand auteur, infatigable voyageur du XIXème siècle, Théophile Gautier qui ne nous quittera plus durant ces semaines de villégiature.
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LE BÉDOUIN ET LA MER
"Pour la première fois, voyant la mer à Bône,
Un Bédouin du désert, venu d’El-Kantara,
Comparait cet azur à l’immensité jaune
Que piquent de points blancs Tuggurt et Biskara,
Et disait, étonné, devant l’humide plaine :
« Cet espace sans borne, est-ce un Sahara bleu,
Plongé, comme l’on fait d’un vêtement de laine,
Dans la cuve du ciel par un teinturier dieu ? »
Puis, s’approchant du bord, où, lasses de leurs luttes,
Les vagues, retombant sur le sable poli,
Comme un chapiteau grec contournaient leurs volutes
Et d’un feston d’argent s’ourlaient à chaque pli :
« C’est de l’eau ! cria-t-il, qui jamais l’eût pu croire ?
Ici, là-bas, plus loin, de l’eau, toujours, encor !
Toutes les soifs du monde y trouveraient à boire
Sans rien diminuer du transparent trésor ; »
« Quand même le chameau, tendant son col d’autruche,
La cavale, dans l’auge enfonçant ses naseaux,
Et la vierge noyant les flancs blonds de sa cruche,
Puiseraient à la fois au saphir de ses eaux ! »
Et le Bédouin, ravi, voulant tremper sa lèvre
Dans le cristal salé de la coupe des mers :
« C’était trop beau, dit-il ; d’un tel bien Dieu nous sèvre,
Et ces flots sont trop purs pour n’être pas amers ! »"
Le Parnasse contemporain : Recueil de vers nouveaux, Théophile Gautier, Slatkine Reprints, 1971, I. 1866 (pp. 1-2),
http://fr.wikisource.org/wiki/Le_B%C3%A9douin_et_la_Mer
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