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Analyse-Livres & Culture pour tous

Gazette littéraire

Le ballon dirigeable (5) : le règlement du conflit

Retrouvez la suite de la nouvelle de Marie Aragnieux, le ballon dirigeable, librement inspirée du célèbre arrêt Clément Bayard du 3 août 1915. Il a été indiqué qu'en 1908, les habitants de la commune d'Hermine sur Oise voient avec fierté l'implantation d'une usine d'aéronefs par un ancien enfant du pays, Auguste Mayard. Ouvrier ingénieux et intrépide, ce dernier s'est passionné pour la conquête de l'air. Or, un paysan, Victor Raturel, ne partage pas l'engouement général et décide d'acheter en 1910 une parcelle de terre contiguë au fonds des entreprises Mayard. Il y fait élever une étrange palissade en bois surmontée de piquets en fer de trois mètres. Cette clôture provoquera une avarie importante sur le Mayard V, totalement détruit, ruinant les efforts entrepris par la France pour la domination des  airs. La Presse s'empare alors de l'affaire. Le Conseil Municipal et le Préfet essayent de lui faire entendre raison au propriétaire perfide. Mais buté, Victor Raturel considère qu'il a le droit de faire ce que bon lui semble sur son propre terrain. Il ne reste plus qu'à la justice de trancher le litige...

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Repères  thème du Mouvement le feuilleton

Il ne resta plus qu'à porter le différend entre les parties devant le juge. Auguste Mayard en prit l'initiative devant le tribunal d'arrondissement, armé des meilleurs avocats en la matière. Mais l'affaire s'avérait délicate. Le droit de propriété, depuis la Révolution française, se présentait comme inviolable et sacré. Nul ne pouvait y apporter de restrictions. Le Père Raturel ne faisait que disposer de son droit le plus absolu sans déborder sur le fonds voisin. Mais pouvait-on laisser un importun nuire aux intérêts de tous ? 

De son côté, le Père Raturel en vint à choisir dans le comté un conseil qui pourrait défendre ses intérêts de propriétaire bafoué. Des pressions avait été discrètement exercées sur les meilleurs avocats du comté pour refuser le dossier. Le barreau avait senti clairement les désagréments causés par cette affaire. Mais il fallut bien lui trouver un défenseur pour asseoir la légitimité du procès. Ce dernier mot était à la bouche de tous.

Le village se trouva scindé en deux parties qui s'insultaient copieusement partout, dans les rues, dans les commerces et même à l'Église. Le camp des tenants favorables au droit de propriété s'opposait à celui des  affairistes qui ne respectaient plus rien... C'est dans cet état d'esprit que s'ouvrit l'affaire devant le tribunal. 

Le 6 janvier 1913, devant une salle comble, les magistrats, investis d'une mission d'intérêt national,  appelèrent le dossier. La presse nationale leur avait fait l'honneur de sa présence. Le Procureur en chef de la Cour d'appel d'Amiens avait également fait le trajet pour écouter cette audience purement civile. Auguste Mayard, muni de ses décorations se tenait là jouant le rôle du grand industriel, créateur de richesses et défenseur de la Patrie, venant à fustiger l'égoïsme d'un petit propriétaire terrien. Quel tableau ! Cela ne troubla nullement Victor Ratuel, affublé de son avocat et sûr de son bon droit.

L'audience débuta par les plaidoiries respectives des parties. Beaucoup d'éloquence dans ces propos de haute volée intellectuelle et juridique.

Les deux thèses furent parfaitement entendues, reprises dans la Presse. Puis, l'affaire fut mise en délibéré à un mois. Le gouvernement espérait une décision dans le sens convenu, c'est à dire dans l'intérêt de la France !

Un mois plus tard, le jugement du tribunal faisant droit à la demande des établissements Mayard relevait que l'attitude injustifiable de Victor Raturel s'analysait en un véritable abus du droit de propriété. L'importun se vit condamné à retirer les pics surmontant sa clôture. En revanche, les établissements Mayard furent déboutés de leur demande de dommages et intérêts.

Un sentiment de soulagement parcouru le corps d'Auguste Mayard même si ce dernier sentait que son triomphe n'était pas tout à fait complet. Mais l'essentiel résidait dans la prochaine reprise des essais.

Cependant, la satisfaction générale fut de courte durée lorsqu'on apprit que notre propriétaire têtu avait fait appel. Ce dernier étant suspensif, les poteaux de fer resteraient bien en place jusqu'au prononcé d'une décision définitive. Quelle déconvenue ! Encore du temps perdu au bon vouloir d'un incorrigible paysan !

Aucun ballon ne pourrait sortir du hangar d'Hermine sur Oise !

repère à suivre : épilogue

                                                                            M. Aragnieux

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L
<br /> <br /> Bonjour L<br /> <br /> <br /> Ah ! si cette affaire avait été mise dans les mains de Maître Rivarol sans doute le verdict aurait été tout autre <br /> <br /> <br /> Tu nous laisses en plein suspens...<br /> <br /> <br /> Très bon weekend, bises, Lyly <br /> <br /> <br /> <br /> Source : coxilanddu26.centerblog.net sur centerblog." /><br /> <br /> <br /> <br />
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L
<br /> <br /> En effet !<br /> <br /> <br /> <br />
F
<br /> <br /> Ne serait-ce pas un beau coup de pub', comme on dirait aujourd'hui? Et une année avant l'éclatement d'une boucherie mondiale....<br /> <br /> <br /> <br />
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L
<br /> <br /> la spéculation n'est pas une idée neuve...<br /> <br /> <br /> <br />