Analyse-Livres & Culture pour tous
8 Octobre 2011
Une fois n'est pas coutume, intéressons-nous au meilleur ami de l'homme : le chien.Nous avons rendez-vous avec Riquet, le chien de Monsieur Bergeret, personnage né sous la plume d'Anatole France.
Repères : Thème de la Mémoire : présentation
La présentation du thème de la mémoire se fonde sur les textes suivants :
La mémoire peut être entretenue au fil du temps par des récits oraux qui se transmettent de génération en génération. La tradition orale est à l'honneur aujourd'hui avec cet extrait savoureux d'un auteur cher à la Gazette : Anatole France.
Une fois n'est pas coutume, intéressons-nous au meilleur ami de l'homme : le chien.
Nous avons rendez-vous avec Riquet, le chien de Monsieur Bergeret.
Un chien de garde digne de ce nom en vérité !
"M. Bergeret aimait et estimait hautement les gens de métier. Ne faisant point de grands aménagements, il n’avait guère occasion d’appeler des ouvriers ; mais, quand il en employait un, il s’efforçait de lier conversation avec lui, comptant bien en tirer quelques paroles substantielles.
Aussi fit-il un gracieux accueil au menuisier Roupart qui vint, un matin, poser des bibliothèques dans le cabinet de travail.
Cependant, couché à sa coutume, au fond du fauteuil de son maître, Riquet dormait en paix. Mais le souvenir immémorial des périls qui assiégeaient leurs aïeux sauvages dans les forêts rend léger le sommeil des chiens domestiques. Il convient de dire aussi que cette aptitude héréditaire au prompt réveil était entretenue chez Riquet par le sentiment du devoir. Riquet se considérait lui-même comme un chien de garde. Fermement convaincu que sa fonction était de garder la maison, il en concevait une heureuse fierté.
Par malheur, il se figurait les maisons comme elles sont dans les campagnes et dans les Fables de la Fontaine, entre cour et jardin, et telles qu’on peut en faire le tour en flairant le sol parfumé des odeurs des bêtes et du fumier. Il ne se mettait pas dans l’esprit le plan de l’appartement que son maître occupait au cinquième étage d’un grand immeuble. Faute de connaître les limites de son domaine, il ne savait pas précisément ce qu’il avait à garder. Et c’était un gardien féroce. Pensant que la venue de cet inconnu en pantalon bleu rapiécé, qui sentait la sueur et traînait des planches, mettait la demeure en péril, il sauta à bas du fauteuil et se mit à aboyer à l’homme, en reculant devant lui avec une lenteur héroïque. M. Bergeret lui ordonna de se taire, et il obéit à regret, surpris et triste de voir son dévouement inutile et ses avis méprisés. Son regard profond, tourné vers son maître, semblait lui dire :
- Tu reçois cet anarchiste avec les engins qu’il traîne après lui. J’ai fait mon devoir, advienne que pourra.(...)"
Repères à suivre : la rancune