Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Analyse-Livres & Auteurs-Culture

La solitude de l'être (Musset)

 

 

5263108575_4e4d58252b.jpg

 

repères : thème de soi : présentation



Le compagnonnage d'une vie

Qu'est-ce qui peut mieux définir soi, sinon ce voile qui le recouvre et qui lui donne une part mystérieuse ? La solitude enveloppe l'être humain tout le long de sa vie. Il mène avec elle un long compagnonnage. La solitude est le lot de tous les hommes...

 

Musset dans ce célèbre poème nous rappelle cette réalité en partant précisément de son contraire, l'altérité.


Extraits choisis :


***

"Du temps que j’étais écolier,
Je restais un soir à veiller
Dans notre salle solitaire.
Devant ma table vint s’asseoir
Un pauvre enfant vêtu de noir,
Qui me ressemblait comme un frère.

Son visage était triste et beau :
A la lueur de mon flambeau,
Dans mon livre ouvert il vint lire.
Il pencha son front sur sa main,
Et resta jusqu’au lendemain,
Pensif, avec un doux sourire.

Comme j’allais avoir quinze ans
Je marchais un jour, à pas lents,
Dans un bois, sur une bruyère.

Au pied d’un arbre vint s’asseoir
Un jeune homme vêtu de noir,
Qui me ressemblait comme un frère.

Je lui demandai mon chemin ;
Il tenait un luth d’une main,
De l’autre un bouquet d’églantine.
Il me fit un salut d’ami,
Et, se détournant à demi,
Me montra du doigt la colline.
(...)

Mais tout à coup j’ai vu dans la nuit sombre
Une forme glisser sans bruit.
Sur mon rideau j’ai vu passer une ombre ;
Elle vient s’asseoir sur mon lit.
Qui donc es-tu, morne et pâle visage,
Sombre portrait vêtu de noir ?
Que me veux-tu, triste oiseau de passage ?
Est-ce un vain rêve ? est-ce ma propre image
Que j’aperçois dans ce miroir ?

Qui donc es-tu, spectre de ma jeunesse,
Pèlerin que rien n’a lassé ?
Dis-moi pourquoi je te trouve sans cesse
Assis dans l’ombre où j’ai passé.
Qui donc es-tu, visiteur solitaire,
Hôte assidu de mes douleurs ?
Qu’as-tu donc fait pour me suivre sur terre ?
Qui donc es-tu, qui donc es-tu, mon frère,
Qui n’apparais qu’au jour des pleurs ?

 

LA VISION

  • -Ami, notre père est le tien.
    Je ne suis ni l’ange gardien,
    Ni le mauvais destin des hommes.
    Ceux que j’aime, je ne sais pas
    De quel côté s’en vont leurs pas
    Sur ce peu de fange où nous sommes.

    Je ne suis ni dieu ni démon,
    Et tu m’as nommé par mon nom
    Quand tu m’as appelé ton frère ;
    Où tu vas, j’y serai toujours,
    Jusques au dernier de tes jours,
    Où j’irai m’asseoir sur ta pierre.

    Le ciel m’a confié ton cœur.
    Quand tu seras dans la douleur,
    Viens à moi sans inquiétude.
    Je te suivrai sur le chemin ;
    Mais je ne puis toucher ta main,
    Ami, je suis la Solitude."

La Nuit de décembre, Musset

http://fr.wikisource.org/wiki/La_Nuit_de_d%C3%A9cembre

 

Repères à suivre : présentation : le doute (Descartes)

Retour à l'accueil
Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article
1
<br /> Bonjour.<br /> <br /> Euh oui, sauf que le poème cité n'est pas de LAMARTINE... Mais de MUSSET... y a comme une erreur... sauf erreur...<br />
Répondre
L
<br /> <br /> Je vois en ce moment du "Lamartine" partout ! Quel curieux tropisme !<br /> <br /> <br /> Merci pour votre vigilance. Bien à vous...<br /> <br /> <br /> Litteratus<br /> <br /> <br /> <br />