Analyse-Livres & Culture pour tous
19 Mai 2012
Un mal qui dit son nom
(Repères : thème de la fratrie : l'étude)
Dans l'article précédent, il a été indiqué que le drame de Claudel repose sur l'opposition entre deux sœurs, Violaine et Mara, l'une pleine de bonté d'âme et de foi et l'autre jalouse et attachée aux biens matériels. Le projet de mariage entre l'aînée et Jacques Hury excite la jalousie de la cadette. Cette dernière est prête à tout pour obtenir la rupture de leur engagement et ne manque pas de raconter l'existence d'une prétendue relation intime entre sa sœur et un maçon. Mais le promis reste certain de la loyauté de sa future épouse.
***
Il s'avère cependant qu'un événement va peser sur le cours des choses. Violaine se voit atteinte de la peste contractée lors du baiser qu'elle a donné en toute connaissance de cause au ténébreux maçon. Son mal l'empêche d'épouser son fiancé qu'elle aime profondément.
L'annonce de la maladie fait naître un sentiment de répulsion chez ce dernier :
« Infâme, réprouvée
Réprouvée dans ton âme et dans ta chair ! » (acte II, scène III)
Jacques Hury donne du crédit aux paroles de Mara ; il croit que sa fiancée s'est déshonorée et qu'elle est de ce fait « criminelle » (acte III, scène II).
Flétrissure de l'âme
Pour tous, la lèpre n'est que le reflet de la flétrissure de l'âme. Violaine passe aux yeux de tous pour une réprouvée, une fille perdue : elle doit rejoindre la ladrerie sans délai. La jeune fille y consent dans un esprit de sacrifice admirable.
Se réjouissant du succès de son entreprise qui lui offre le champ libre pour épouser l'homme qu'elle aime, Mara se voit offrir par sa sœur toutes ses affaires et notamment sa robe de mariée. Dure de cœur, elle n'en est que vaguement gênée, tout au bonheur de son prochain hymen.
Mais avec une sorte de prescience, seule la mère des jeunes filles comprend qu'un drame se noue derrière ce départ. Une rupture se fait jour. Il ne s'agit pas seulement de prendre en considération la tragédie qui voit l'aînée condamnée à une vie d'errance et de misère, détachée des siens. La mère connaît la grandeur d'âme de son aînée...
Elle s'inquiète davantage du sort réservé à la cadette qui se livre sans le savoir à la perdition :
« (…) Violaine, sauve ta sœur, est-ce qu'il faut la laisser se perdre ? » (acte II, scène II)
Mara saura-t-elle élever son cœur ?
Repères à suivre : thème de la fratrie : l'étude