25 Octobre 2011
Dans La Vie d'une autre, roman de Frédérique Deghelt, Marie révèle enfin son amnésie à son mari. Cet aveu improbable fera naître entre eux des échanges en profondeur levant bien des zones d'ombre...
Repères : Thème de la Mémoire : l'étude du mois
Après avoir présenté les deux œuvres consacrées à l'amnésie dans le champ littéraire, continuons l'analyse de La Vie d'une autre, roman de Frédérique Deghelt, publié en 2007 selon la progression suivante :
Victime d'une amnésie, Marie se réveille un matin avec des inconnus. Elle réalise qu'il s'agit de ses enfants et qu'elle a perdu le souvenir de douze années de sa vie. Mais quelle est la nature du traumatisme ? Qui est à l'origine d'un tel oubli ? Elle mène une enquête sur sa vie "d'avant". Ses connaissances sont fragmentaires. Elle décide alors de révéler à son conjoint à qui elle donne le change depuis un certain temps l'existence de son amnésie. Elle joue à quitte ou double son avenir...
La révélation de son amnésie à Pablo causera à ce dernier un malaise et un profond dépit. Comment accepter que toute la mémoire d'une vie commune soit effacée ? L'orgueil masculin est blessé.
Mais cet aveu fera naître entre eux des échanges en profondeur levant bien des zones d'ombre. Le discours de Pablo s'arrête enfin à la période charnière : à la veille du traumatisme.
Il explique les circonstances troublantes qui ne sont pas sans rappeler celles de leur rencontre : une soirée de départ arrosée, trop arrosée, véritable pendant à celle qui a fait naître l'idylle originelle.
En l’occurrence, les choses, là, se passent mal : la rupture entre eux n'est pas loin, l'usure du couple semble consommée.
Mais avec l'énergie du désespoir, les deux époux vont conclure un pacte. Cet emballement les conduit à l'échange de promesses d'un nouveau départ.
L'ivresse du moment aura-t-elle un lendemain ?
« Nous avons marché comme des automates jusqu'à Montmartre. Une seule chose comptait pour moi : il fallait que tu me croies. Mais je te sentais déjà partie. » (page 318)
Les bouts de l'histoire se rejoignent enfin.
Quelle meilleure preuve de pardon que l'oubli ?
Tel est au fond le cheminement inconscient emprunté par Marie pour sauver une histoire d'amour.
Une réconciliation avec soi-même se fait jour avec la révélation totale de la vérité.
Repères à suivre : la synthèse