19 Novembre 2011
Dans le Chef d’œuvre inconnu de Balzac, ce mystérieux tableau exacerbe la curiosité de tous : devant l'inachèvement de cette œuvre, Nicolas Poussin propose à sa maîtresse, la belle Gillette, de poser nue pour maître Frenhofer. Il a devant lui l'incarnation de l'idéal féminin qui lui manquait alors.
Repères : le thème de l'Art : étude (Balzac/Houellebecq)
Il vous est proposé la progression suivante de l'étude consacrée au thème de l'art :
-Les deux conceptions de l'art (Balzac/Houellebecq) : présentation générale
- Le Chef d’œuvre inconnu de Balzac :
- La Carte et le Territoire de Michel Houellebecq :
Dans l'article précédent, il a été révélé que le tableau intitulé la « Belle Noiseuse » reste dissimulé à la vue de tous car il n'est pas terminé. Il existe un obstacle certain à son achèvement. Mais de quelle nature ?
L'achèvement de l'œuvre souffre, en effet, d'une chose irréductible. Il manque à l'artiste un modèle à la hauteur du sujet du tableau. L'idéal ne semble pas trouver sa traduction dans la réalité.
Première conception de l'Art qui va connaître une évolution au fil des pages. Voici donc le constat du vieux maître :
(…) il m'a manqué jusqu'à présent de rencontrer une femme irréprochable, un corps dont les contours soient d'une beauté parfaite, et dont la carnation... Mais où est-elle vivante, dit-il en s'interrompant, cette introuvable Vénus des anciens, si souvent cherchée, et de qui nous rencontrons à peine quelques beautés éparses ? Oh ! pour voir un moment, une seule fois, la nature divine, complète, l'idéal enfin, je donnerais toute ma fortune, mais j'irais te chercher dans tes limbes, beauté céleste ! Comme Orphée, je descendrais dans l'enfer de l'art pour en ramener la vie.
L'art est trop absolu et rien sur terre ne peut l'égaler. Ce constat d'échec rend Maître Frenhofer parfaitement mélancolique lorsqu'il ne cherche pas, dans la folie du désespoir, à entreprendre un voyage lointain pour trouver le modèle qui lui fait défaut.
Mais ce mystérieux tableau exacerbe la curiosité des amis du maître. Il existe un moyen de permettre à l'un de finir son œuvre et de satisfaire la curiosité des autres : Nicolas Poussin propose à sa maîtresse, la belle Gillette, de poser nue pour maître Frenhofer.
Après des hésitations (cette proposition se révélant parfaitement scandaleuse pour l'époque), cette dernière par amour finit par accepter et se rend à l'atelier du maître qui « tressaille » devant cette femme à la beauté parfaite.
Il a devant lui l'incarnation de l'idéal féminin qui lui manquait alors. Il accepte de montrer son œuvre pour peu qu'on lui laisse peindre Gillette. Le tableau est sur le point d'être achevé.
L'Art puise-t-il vraiment dans la réalité des choses, deuxième conception de l'Art ?
Repères à suivre : l'étude : le dévoilement du chef d'œuvre inconnu