Analyse-Livres & Culture pour tous
5 Août 2010
La vue est convoquée dans le grand mythe d'Œdipe mis en scène par Voltaire : quoi de plus tragique lorsqu'on décide de s'en priver !
Repères : thème ses sens : présentation
Dans l'article précédent, nous avons vu qu'un fabliau s'appuie sur le sens de la vue pour asseoir son histoire cruelle. Aujourd'hui, mous verrons comment le théâtre s'empare du sujet.
Cet immense auteur du XVIIIe siècle est moins connu pour ses œuvres théâtrales. Il vous est proposé aujourd'hui de vous replonger dans l'univers de l'Antiquité avec un héros mythique : Œdipe.
La vue nous permet d'admirer les beautés du monde. Quoi de plus tragique lorsqu'on décide de s'en priver !
C'est le cas d' Œdipe qui s'est châtié lui-même lorsqu'il a découvert que le rival qu'il avait tué n'était autre que son propre père et que la femme qu'il avait épousée, Jocaste, était... sa propre mère.
La Gazette vous propose de lire un extrait d'une pièce de théâtre de Voltaire qui reprend le mythe à son compte. La scène réunit le Grand Prêtre et la mère d'Œdipe :
"JOCASTE :
ô mon fils ! Hélas ! Dirai-je mon époux ?
ô des noms les plus chers assemblage effroyable !
Il est donc mort ?
LE GRAND PRÊTRE :
Il vit, et le sort qui l’accable
des morts et des vivants semble le séparer :
il s’est privé du jour avant que d’expirer.
Je l’ai vu dans ses yeux enfoncer cette épée
qui du sang de son père avait été trempée ;
il a rempli son sort ; et ce moment fatal
du salut des thébains est le premier signal.
Tel est l’ordre du ciel, dont la fureur se lasse ;
comme il veut, aux mortels il fait justice ou grâce ;
ses traits sont épuisés sur ce malheureux fils.
Vivez, il vous pardonne. »
Œdipe, Voltaire wikisource lien
repère à suivre : l'ouïe (abbé de l'Epée)