Analyse-Livres & Culture pour tous
24 Juin 2013
Repères : thème du ridicule : l'étude
Résumé : il a été précédemment précisé le contexte de l'œuvre de William Boyd qui se situe en Afrique noire occidentale au sein d'une communauté d'expatriés britanniques. Premier adjoint des services consulaires depuis trois ans, Morgan Leafy se voit confier la mission d'approcher le chef d'un parti politique local. Cette mission s'avère un échec. L'apprenti espion commet de surcroît des imprudences qui le conduisent à perdre la maîtrise du dossier. L'Angleterre n'en sortira pas grandie ...
***
Notre apprenti espion noue des relations avec l'épouse de Adékunlé qui lui a permis d'approcher l'homme politique. Le mari qui finit par s'apercevoir de la situation va habilement tirer avantage de la situation. C'est à son tour de mener la danse en faisant chanter le diplomate. Ce dernier se voit contraint de poursuivre pour le compte du dirigeant du PNK une autre mission. Il mène donc en parallèle deux missions secrètes qui s'avèrent calamiteuses.
«Il se sentit soudainement seul et désarmé : un Sisyphe impuissant à qui on viendrait d'annoncer qu'à partir de demain matin ce sera deux rochers-un Hercule éreinté avec une douzaine de travaux supplémentaires sur la planche. Il eut envie de pleurer : ce n'était pas juste, ce n'était pas juste... » (page 308)
Notre anti-héros fait la juste démonstration de son incapacité à mener à bien une quelconque activité secrète. Le ridicule le poursuit sans cesse que ce soit lorsqu'il est contraint de se déguiser en Père Noël ou lorsqu'il doit régler la question d'un cadavre électrocuté par la foudre que nul autochtone animiste ne veut toucher. On atteint le sommet du burlesque lorsque tous les problèmes surgissent en même temps.
« (il) songea à la journée de Noël qui l'attendait. D'abord il lui faudrait se débarrasser du corps en décomposition dans le coffre de sa voiture, puis s'habiller en Père Noël et distribuer leurs cadeaux aux gosses : le contraste confinait à l'obscénité macabre. » (page 323)
Les élections ont lieu et le parti d'Adékunlé est porté au pouvoir. L'influence anglaise a été sa carte maîtresse. L'ingérence de la couronne a donné du fruit. Mais déjà le climat social se tend. La situation du Kinjanja dérape vite avec des manifestations d'étudiants, puis des émeutes. Prévenu de l'imminence d'un coup d'état, Morgan Leafy n'y accorde aucun crédit. Son sens politique est comme d'habitude totalement inversé. Il passe à côté de la vérité des choses. L'Angleterre récolte les fruits de son immixtion : un coup d'état renverse Adékunlé. Le personnage de l'anti-héros ne fait que refléter le ridicule d'une mission diplomatique qui en voulant préserver ses intérêts a en réalité tout perdu...
Repères à suivre : l'étude : sa synthèse