Analyse-Livres & Culture pour tous
13 Octobre 2010
La littérature ne pouvait pas omettre de narrer la vie de ces artistes musiciens itinérants qui vivaient du produit de leur succès comme nous le verrons avec Sans famille d'Hector Malo.
Repères : thème de la musique : présentation
Dans l'article précédent, il a été question de mettre en avant l'utilité d'un instrument sous la plume de Choderlos de Laclos, nous en arrivons aujourd'hui au sort que la littérature réserve à la musique itinérante avec Hector Malo dans son célèbre roman, Sans famille.
La littérature ne pouvait pas omettre de narrer la vie de ces artistes itinérants qui vivaient du produit de leur succès …
Repartons en enfance avec Hecto Malot.
Retrouvons Rémi, orphelin recueilli par Vitalis et ses animaux. Ensemble, ils se produisent de ville en ville. Les voici en pleine représentation et le maître décide de se mettre à chanter...
Comment un saltimbanque peut-il chanter aussi bien ? Les préjugés ont la dent dure...
"Bien que Vitalis eût été mon professeur, je ne l'avais jamais entendu chanter.
Il choisit deux airs que tout le monde connaît, la romance de Joseph : « à peine au sortir de l'enfance » et celle de Richard-Coeur-de-Lion Je n'étais pas à cette époque en état de juger si l'on chantait bien ou mal ; mais je puis dire, c'est le sentiment que sa façon de chanter provoqua en moi : je fondis en larmes. (…)
Après la première romance, Capi avait recommencé sa quête, et j'avais vu avec surprise que la belle dame n'avait rien mis dans la sébile.
Quand mon maître eut achevé l'air de Richard, elle me fit un signe de main.
« Je voudrais parler à votre maître » me dit-elle.
Cela m'étonna un peu que cette belle dame voulût parler à mon maître. Elle aurait mieux fait de mettre son offrande dans la sébile ; cependant j'allais transmettre ce désir ainsi exprimé à Vitalis et, pendant ce temps, Capi revint près de nous. La seconde quête avait été encore moins productive que la première. (….)
-« Je suis musicienne, continua la dame, c'est vous dire combien je suis sensible à un grand talent comme le vôtre. »
Un grand talent chez mon maître, chez Vitalis, le chanteur des rues ! Je restai stupéfait.
-« Il n'y a pas de talent chez un vieux bonhomme tel que moi, dit Vitalis.
- Ne croyez pas que je sois poussée par une curiosité indiscrète, dit la dame.
- Mais je serais tout prêt à satisfaire cette curiosité ; vous avez été surprise, n'est-ce pas, d'étendre chanter à peu près un montreur de chiens ?
- Émerveillée.
- C'est bien simple cependant ; je n'ai pas toujours été ce que je suis en ce moment ; autrefois, dans ma jeunesse, il y a longtemps, j'ai été...oui, j'ai été le domestique d'un grand chanteur, et par imitation, comme un air de perroquet, je me suis mis à répéter quelques airs que mon maître étudiait devant moi ; voilà tout ».
Sans famille, Hector Malot (chapitre 13)
repères à suivre : Le péril de la musique (Stendhal)