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Analyse-Livres & Culture pour tous

Gazette littéraire

La critique littéraire (la Bataille d'Hernani

Le lien entre la littérature et la Presse ne pouvait éluder le cas de la critique littéraire au travers d'une bataille mythique : la bataille d'Hernani. Division de l'opinion sur ce drame de Victor Hugo qui défie les conventions du genre à la fois sur place et par le biais des journaux. Relisons la critique émise à la une, le 27 février 1830, par le chroniqueur du Figaro et la réponse de Hugo dans la préface d'Hernani.

 

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Repère: le thème du journal : présentation

Dans l'article précédent, nous avons abordé la chronique littéraire comme genre possible dans l'univers de la Presse. Aujourd'hui, il sera question de la rubrique que l'on appelle la critique littéraire.

Apologie du romantisme

Nous allons évoquer une bataille mythique dans l'histoire de la Littérature : il s'agit de la bataille d'Hernani et des critiques qui en ont été faites.

Le 25 février 1830 est jouée au Théâtre-Français la pièce de Victor Hugo, Hernani, un drame en cinq actes.

Brisant les conventions jusque-là admises, avec notamment les trois règles de l'unité de temps, de lieu et d'action, l'auteur ne craint pas de prendre des franches libertés avec les traités de versification pour faire l'apologie du romantisme.

Bataille d'Hernani

Pressentant, un accueil mitigé de la pièce, les amis de Victor Hugo viennent en nombre à la première pour soutenir la pièce.

La salle est alors divisée en deux camps, les classiques et les romantiques. Ce sont ces derniers qui, au cours de la première représentation, font un triomphe à l'œuvre.

Cependant les autres représentations seront graduellement de plus en plus houleuses : chahuts, interruptions nombreuses, cris, injures, papiers circulant ou jetés, rixes...

Tous les éléments sont là pour faire de cette pièce un sujet à scandale.

Presse

La presse joue dans cette affaire un rôle important dans le récit des évènements évidemment peu conventionnels, mais aussi dans le dénigrement de l'œuvre. En effet, de nombreux critiques littéraires n'auront pas assez de mots sévères pour juger la pièce, même si certains néanmoins lui accorderont du crédit.

La bataille d'Hernani est née et fera l'objet d'un mythe qui dépassera par définition le cadre de la vérité pour constituer une véritable légende.

Il vous est proposé de lire un extrait de la critique émise à la une le 27 février 1830 par le chroniqueur du Figaro et de lire la réponse de Hugo dans la préface d'Hernani :

Figaro

« Deux questions principales se présentaient à ce drame. Avions-nous un poète dramatique de plus ? Avions-nous une tragédie nouvelle, un drame à nous, une gloire exclusive pour le siècle ? Christophe Colomb a –t-il découvert l'Amérique ? Importantes questions, auxquelles on ne peut répondre de sang froid.

De ces deux questions, la première n'était pas douteuse. Le poète existe dans M. Hugo (…)

Mais le drame ? Mais Hernani ? Mais cette lointaine Amérique ? (…) le drame nouveau n'est pas là. (...) »

Figaro du 27 février 1830, source Gallica :

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k2665383.r=27%20f%C3%A9vrier%201830.langFR

 Pour aller plus loin sur la « bataille d'Hernani » http://groupugo.div.jussieu.fr/Groupugo/06-12-16RomanSpiquel.htm

La réponse de Victor Hugo 

« Quant à son œuvre en elle-même, il n'en parlera pas. Il accepte les critiques qui en ont été faites, les plus sévères comme les plus bienveillantes, parce qu'on peut profiter à toutes. Il n'ose se flatter que tout le monde ait compris du premier coup ce drame, dont le romancero général est la véritable clef. Il prierait volontiers les personnes que cet ouvrage a pu choquer de relire le Cid, Nicomède, ou plutôt tout Corneille, et tout Molière, ces grands et admirables poètes. Cette lecture, si pourtant elles veulent bien faire d'abord la part de l'immense infériorité de l'auteur d'Hernani, les rendra peut-être moins sévères pour certaines choses qui ont pu les blesser dans la forme ou dans le fond de ce drame. En somme, le moment n'est peut-être pas encore venu de le juger. Hernani n'est jusqu'ici que la première pierre d'un édifice qui existe tout construit dans la tête de son auteur, mais dont l'ensemble peut seul donner quelque valeur à ce drame. Peut-être ne trouvera-t-on pas mauvaise un jour la fantaisie qui lui a pris de mettre, comme l'architecte de Bourges, une porte presque moresque à sa cathédrale gothique.

En attendant, ce qu'il a fait est bien peu de chose, il le sait. Puissent le temps et la force ne pas lui manquer pour achever son œuvre. Elle ne vaudra qu'autant qu'elle sera terminée. Il n'est pas de ces poètes privilégiés qui peuvent mourir ou s'interrompre avant d'avoir fini, sans péril pour leur mémoire ; il n'est pas de ceux qui restent grands, même sans avoir complété leur ouvrage, heureux hommes dont on peut dire ce que Virgile disait de Carthage ébauchée.

9 mars 1830. »

Préface d'Hernani, Victor Hugo

source : http://fr.wikisource.org/wiki/Page:Hugo_Hernani_1889.djvu/13

Repère à suivre: la chronique judiciaire

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L
<br /> <br /> Comme on dit : "le spectacle était dans la salle"<br /> <br /> <br /> <br />
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L
<br /> <br /> et on en parle encore !!!<br /> <br /> <br /> <br />
F
<br /> <br /> C'est beau de se taper dessus pour de la littérature et non pas pour ou contre l'expulsion des étrangers...<br /> <br /> <br /> <br />
Répondre
L
<br /> <br /> Cela a un autre panache en effet !<br /> <br /> <br /> <br />