15 Septembre 2010
Les droits des Mémoires d'outre-tombe de Chateaubriand, œuvre promise à grand renfort de publicité, finissent par être cédés en 1836 par Chateaubriand à court d'argent. Acheté par une société commerciale, les Mémoires finissent par être rachetés en 1844 au grand dam de l'auteur qui se sent trahi...
Repères : le thème du journal : les Mémoires d'outre-tombe
Dans l'article précédent, il a été question de rappeler le rapport étroit de Chateaubriand avec la presse au travers de l'épisode de l'élaboration des Mémoires d'outre-tombe. Nous avons indiqué que trois articles seront consacrés aux péripéties qui ont entouré cette œuvre singulière :
Aujourd'hui nous verrons ensemble les causes et les conséquences de la vente des droits par Chateaubriand.
Après avoir indiqué la portée de l'entreprise de Chateaubriand qui souhaite voir publier son œuvre à sa mort et qui en justifie par voie de presse, il convient de préciser que l'écrivain va se trouver doublement dépossédé de son ouvrage.
En 1836, à court d'argent, il se voit contraint par nécessité -vitale- de vendre les droits de ses Mémoires à une société en commandite par actions, qui lui verse, en contrepartie, une somme importante en capital et lui sert une rente mensuelle viagère.
Il est stipulé que l'œuvre ne pourra être publiée du vivant de l'auteur.
Cependant, les années passent et Chateaubriand vit en poursuivant son entreprise, même si le cœur n'y est plus :
''je ferai une ou deux pages par jour tant que je vivrai, pour remplir les tristes conditions de mon marché. '' (lettre à Madame Récamier)
Mais en 1844, Émile de Girardin, directeur de publication et pionnier en la matière, décide de racheter les actions auprès des premiers souscripteurs ou de leurs héritiers afin de publier l'œuvre de Chateaubriand sous la forme d'un feuilleton dans la Presse.
Les mémoires sont donc appelés à être un produit commercial comme un autre. Ils se voient découpés en tranches pour apporter plus de recettes...
Se sentant trahi, Chateaubriand s'en émeut dans la presse. Relisons la brève déclaration d'un homme blessé !
« Fatigué de bruits qui ne me peuvent atteindre, mais qui m'importunent, il m'est utile de répéter que je suis resté tel que j'étais lorsque, le 25 mars de l'année 1836, j'ai signé le contrat pour la vente de mes ouvrages avec M. Delloye, officier de l'ancienne garde royale. Rien depuis n'a été changé, ni ne sera changé, avec mon approbation, aux clauses de ce contrat. Si par hasard d'autres arrangements avaient été faits, je l'ignore. Je n'ai jamais eu qu'une idée, c'est que tous mes ouvrage posthumes parussent en entier et non par livraison détachées, soit dans un journal, soit ailleurs.
CHATEAUBRIAND. »
Edmond Biré, introduction, Mémoires d'Outre Tombe ed. 1901,
Source : Wikisource http://fr.wikisource.org/wiki/M%C3%A9moires_d%E2%80%99outre-tombe/Introduction
Repères à suivre: les mémoires d'Outre-Tombe partie 3