La lâcheté d'un marin (Conrad)

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L'effroi de Lord Jim

Après avoir évoqué dans l'article précédent, les tentatives désespérées de Paul pour sauver sa dulcinée embarquée et prise dans la tourmente d'une tempête, découvrons un comportement moins noble sous la plume de Joseph Conrad.

Les marins sont connus pour leur vaillance devant la furie des flots. La peur ne les quitte pas alors même qu'ils luttent pour leur propre survie.

La Gazette Littéraire propose aujourd'hui un extrait d'une œuvre retraçant la rédemption d'un homme de mer. Il faut dire que ce dernier a commis un acte d'une gravité impardonnable pour un marin : l'abandon d'un bateau...

Découvrons les ressorts de cette bien terrible affaire.

Lord Jim, officier en second sur le Patna, bateau rempli de pèlerins, assiste à l'avarie qui cause la perte irrémédiable du vaisseau. Il s'aperçoit rapidement qu'il n'y a pas de canots de sauvetage pour tous. L'effroi le saisit, anesthésiant sa pensée.

Le jeune homme abandonne le navire avec deux membres de l'équipage laissant les passagers aux flots.

Lorsque la lâcheté est gouvernée par la peur.

***

« Je sentais aussi clairement que je vous vois là que je ne pouvais rien faire, et cette pensée semblait enlever toute vie à mes membres. Je me disais qu’autant valait rester où j’étais et attendre. Je ne croyais pas avoir beaucoup de secondes devant moi… Tout à coup, le grondement de la vapeur se tut. Le bruit avait été affolant, mais le silence, aussitôt, se fit oppressant et plus affreux encore ! Il me semblait que j’allais étouffer ! »

« Il m’affirmait n’avoir pas songé à sa propre existence. La seule pensée qui se dessinait, pour s’évanouir et se reformer aussitôt dans sa tête, c’était : « Huit cents passagers et sept canots ! Huit cents passagers et sept canots ! »

Lord Jim, Conrad

http://fr.wikisource.org/wiki/Lord_Jim/Chapitre_VII

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