Analyse-Livres & Culture pour tous
11 Février 2010
Le thème de la justice dans la littérature aborde aussi la peine capitale. Victor Hugo se fait l'apôtre de son abolition dans un ouvrage intitulé, les derniers jours d'un condamné.
Repère : thème de la justice : présentation
Dans l'article précédent, nous avons vu la déclaration poignante d'un condamné, Julien Sorel, lors de son procès, nous aborderons aujourd'hui le cas de la peine de mort.
La justice humaine conduit à une sanction réparatrice ou punitive quelquefois définitive...
Lisez un extrait du pamphlet rédigé en 1829 par Victor Hugo contre la peine capitale. Le personnage accusé dont on ignore le nom et le passé est traduit devant les Assises pour un crime dont le nom n'est jamais prononcé.
Le Dernier Jour de sa vie est l'objet de ce bouleversant ouvrage. La scène se déroule à la sortie du tribunal, la sentence venant d'être prononcée : la mort.
L'auteur a choisi de se placer dans la peau du condamné. Et c'est dans cette perspective, que l'on ressent les émotions de celui qui s'exprime à la première personne du singulier à l'annonce de sa condamnation.
***
« – Condamné à mort ! dit la foule ; et, tandis qu’on m’emmenait, tout ce peuple se rua sur mes pas avec le fracas d’un édifice qui se démolit. Moi je marchais, ivre et stupéfait. Une révolution venait de se faire en moi. Jusqu’à l’arrêt de mort, je m’étais senti respirer, palpiter, vivre dans le même milieu que les autres hommes ; maintenant je distinguais clairement comme une clôture entre le monde et moi. Rien ne m’apparaissait plus sous le même aspect qu’auparavant. Ces larges fenêtres lumineuses, ce beau soleil, ce ciel pur, cette jolie fleur, tout cela était blanc et pâle, de la couleur d’un linceul. Ces hommes, ces femmes, ces enfants qui se pressaient sur mon passage, je leur trouvais des airs de fantômes.
Au bas de l’escalier, une noire et sale voiture grillée m’attendait. Au moment d’y monter, je regardai au hasard dans la place. – Un condamné à mort ! criaient les passants en courant vers la voiture. À travers le nuage qui me semblait s’être interposé entre les choses et moi, je distinguai deux jeunes filles qui me suivaient avec des yeux avides ; – Bon, dit la plus jeune en battant des mains, ce sera dans six semaines ! »
Le Dernier jour d'un Condamné, Victor Hugo, wikisource.
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