Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Analyse-Livres & Culture pour tous

Gazette littéraire

Les plaideurs (Racine)

Le thème de la justice dans la littérature n'oublie pas le justiciable qui se présente parfois sous les traits les plus vils, on parle alors d'un procédurier....

thème, justice, plaideurs, Racine

 

                   

Repères : le thème de la justice : présentation

Dans l'article précédent, nous avons vu les deux attributs de la justice, le glaive et la balance. Découvrons aujourd'hui le justiciable sous les traits les plus vils, je veux parler du procédurier....

Procédurier

La Gazette vous propose de vous faire entrer dans l'univers particulier des habitués des procédures civiles ou pénales qui sont prêts à tous les sacrifices pour voir leur cause entendue.

Cet article est consacré aux procéduriers qui passent leur vie dans les tribunaux. La justice de tout temps ayant affaire à ces justiciables doit composer avec eux...

La littérature ne pouvait pas omettre de les croquer superbement.

Racine

Lisez un extrait des plaideurs de Racine et vous conviendrez bien en riant que l'on ne peut vivre sans avoir un procès en cours... Il s'agit d'une plaideuse qui se trouve empêchée de faire ce qu'elle sait le mieux faire, faire un procès...

« La Comtesse : Monsieur, tous mes procès allaient être finis ;

Il ne m’en restait plus que quatre ou cinq petits :

L’un contre mon mari, l’autre contre mon père,

Et contre mes enfants. Ah ! Monsieur, la misère !

Je ne sais quel biais ils ont imaginé,

Ni tout ce qu’ils ont fait ; mais on leur a donné

Un arrêt par lequel, moi vêtue et nourrie,

On me défend, Monsieur, de plaider de ma vie.

Chicanneau : De plaider ?

La comtesse : De plaider !

Chicanneau : Certes, le trait est noir.

J’en suis surpris.

La comtesse : Monsieur, j’en suis au désespoir.

Chicanneau : Comment ! lier les mains aux gens de votre sorte !

Mais cette pension, Madame, est-elle forte ?

La comtesse : Je n’en vivrais, Monsieur, que trop honnêtement.

Mais vivre sans plaider, est-ce contentement ?

Chicanneau : Des chicaneurs viendront nous manger jusqu’à l’âme,

Et nous ne dirons mot ? Mais, s’il vous plaît, Madame

Depuis quand plaidez-vous ?

La Comtesse : Il ne m’en souvient pas ;

Depuis trente ans, au plus.

Chicanneau : Ce n’est pas trop.

La Comtesse : Hélas !

Chicanneau : Et quel âge avez-vous ? Vous avez bon visage.

La comtesse : Hé ! quelque soixante ans.

Chicanneau : Comment ! c’est le bel âge

Pour plaider.

La comtesse : Laissez faire, ils ne sont pas au bout.

J’y vendrai ma chemise ; et je veux rien ou tout. »

Les plaideurs, Racine, acte I, scène VII

 

Repère à suivre : un accusé peu ordinaire

Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article
J
<br /> Ah! Chicanneau! ça me rappelle les bons souvenirs du lycée du temps où les classiques avaient toute leur place.<br /> Amitiés<br /> José <br /> <br /> <br />
Répondre
L
<br /> Cette pièce est indémodable. Merci José pour ton passage et à bientôt.<br /> <br /> <br />
L
<br /> Et en plus on s'instruit ! ...<br /> <br /> <br />
Répondre
L
<br /> tant mieux !<br /> <br /> <br />
L
<br /> - Chic ! à la fin de l'année j'aurais enfin le bel âge !!! ...<br /> - Oui, mais si c'est pour plaider ...Je vais arrêter le temps ...<br /> <br /> <br />
Répondre
L
<br /> Il semblerait pour les protagonistes de l'action que plaider conserve plus longtemps, mais on peut leur objecter que cela nous prolonge moins que les bienfaits tirés de la lecture.<br /> 2 raisons de lire : on n'embête personne et cela n'est pas cher... Qui dit mieux ?<br /> <br /> <br />
M
<br /> Je l'avoue, j'aurais vraiment du mal à lire de nouveau Racine...<br /> <br /> <br />
Répondre
L
<br /> C'est un aveu qui t'honore. Mais je connais quelqu'un qui pourrait te faire changer d'avis ! C'est la façon de parler de Racine qui compte ! Encore un projet !<br /> <br /> <br />
F
<br /> Et moi, ce que j'admire le plus, c'est la langue limpide de Racine. Il donne l'impression d'une simple conversation, avec relativement peu de mots,<br /> sous-tendus d'une ironie ou d'une poésie envoûtantes! (je me souviens de la première lecture de Bérénice, avec mon faible français plein de lacunes, me tirant des larmes des yeux...)<br />  <br /> <br /> <br />
Répondre
L
<br /> Un auteur sublime injustement oublié ! j'aime cette idée de larmes tirées de la beauté d'un texte !<br /> <br /> <br />