19 Juin 2012
La dimension fantastique de l'œuvre
(Repères : thème du divertissement : étude)
Résumé : il a été précisé dans l'article précédent qu'une soirée entre officiers a lieu durant une longue nuit d'hiver. Seul un convive allemand, Hermann, pourtant passionné par le jeu ne participe pas à la partie. Il écoute comme les autres convives l'étrange récit de la vie de la comtesse Anna Fedotovna, bénéficiaire d'un secret tenant à la combinaison de trois cartes gagnantes. Le secret attise l'intérêt de tous et notamment du jeune allemand qui décide d'arracher le secret à la vieille dame laquelle, sous le coup de la peur, décède soudainement en emportant avec elle le fameux mystère. L'officier est tourmenté par la perte irrémédiable du secret du jeu gagnant. L'affaire est sans nul doute compromise...
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La dimension fantastique de l'œuvre
Or, le lecteur arrive au chapitre V au tournant le plus fantastique de l'œuvre : le jeune homme assiste à une scène hallucinante au cours de laquelle la comtesse lui apparaît en songe et lui confie enfin ses cartes en contrepartie d'une double obligation morale :
« Je viens à toi contre ma volonté, dit-elle d’une voix ferme. Je suis contrainte d’exaucer ta prière. Trois-sept-as gagneront pour toi l’un après l’autre ; mais tu ne joueras pas plus d’une carte en vingt-quatre heures, et après, pendant toute ta vie, tu ne joueras plus ! Je te pardonne ma mort, pourvu que tu épouses ma demoiselle de compagnie, Lisabeta Ivanovna. »
La combinaison gagnante révélée
Le saisissement de Hermann est à son comble. Il a peur d'oublier la combinaison et la couche aussitôt par écrit.
Mais est-ce une vision ou la réalité ? Le jeune homme est totalement pris de fièvre par l’espérance de succès, il ne voit les choses qu'au travers du prisme de ces trois chiffres, le 3, 7 et 1.
« Tout gros homme qu’il voyait lui rappelait un as. Trois-sept-as le suivaient en songe, et lui apparaissaient sous maintes formes étranges. Il voyait des trois s’épanouir comme des magnolia grandiflora. Des sept s’ouvraient en portes gothiques ; des as se montraient suspendus comme des araignées monstrueuses. Toutes ses pensées se concentraient vers un seul but : comment mettre à profit ce secret si chèrement acheté ? Il songeait à demander un congé pour voyager. À Paris, se disait-il, il découvrirait quelque maison de jeu où il ferait en trois coups sa fortune. Le hasard le tira bientôt d’embarras. » (chapitre VI)
La chance à portée de cartes ?
Repères à suivre : la carte maléfique (Pouchkine)