17 Mai 2012
Violaine et Mara
(Repères : thème de la fratrie : étude)
Dans L'Annonce faite à Marie de Claudel, l'action qui se déroule au Moyen-Âge dans la campagne champenoise christianisée, met en présence deux sœurs.
Âgée de dix-huit ans, Violaine, l'aînée, blonde, sublime de bonté et admirable de foi et Mara, sa cadette, brune, rongée par la jalousie et attachée aux choses terrestres. L'intrigue se noue autour de l'opposition entre ces deux personnages si différentes sur le plan physique et moral.
Le début du drame met en scène Violaine et Pierre de Craon, maçon ténébreux. Amoureux de la jeune fille, il a tenté de l'outrager, avant de se voir rapidement couvert de nombreuses pustules : la peste. Il croit en un châtiment céleste. Il se repent de son acte même si la part insaisissable de Violaine, si pure, l'attire irrésistiblement. A l'inverse, cette dernière se sent proche de cet homme concupiscent. Elle le regarde avec bonté. Les contraires s'attirent...
Un baiser au lépreux
Atteint d'un mal contagieux, il ne peut demeurer dans le village. Mais la jeune fille ne veut pas le laisser partir sans lui pardonner du fond du cœur l'offense commise. S'agissant d'un adieu, la discussion métaphysique entre les deux protagonistes est d'une intensité rare.
En effet, Pierre de Craon, touché par la grâce, croit en la possible sainteté du pécheur :
« Bénie sois-tu dans ton chaste cœur ! La sainteté n'est pas d'aller se faire lapider chez les Turcs ou de baiser un lépreux sur la bouche,
Mais de faire le commandement de Dieu aussitôt,
Qu'il soit
De rester à notre place, ou de monter plus haut. » (acte premier)
Prenant le contre-pied de cette conception, Violaine -en toute connaissance de cause- lui donne sublimement un baiser d'adieu, un baiser au lépreux. Elle « lui aspire l'âme. » (didascalie acte premier).
Or, dissimulée dans un renfoncement, sa jeune sœur Mara a assisté à la scène finale et disparaît. Cette fuite n'augure rien de bon...
Repères à suivre : thème de la fratrie : étude (Claudel / Genêt)