23 Octobre 2011
Dans La Vie d'une autre, roman de Frédérique Deghelt, Marie comprend rapidement que nul ne s'est aperçu de sa situation d'amnésique. Cette nouvelle vie engendre beaucoup de malaise, mais également des situations totalement cocasses.
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Après avoir présenté les deux œuvres consacrées à l'amnésie dans le champ littéraire, continuons l'analyse de La Vie d'une autre, roman de Frédérique Deghelt, publié en 2007 qselon la progression suivante :
Victime d'une amnésie, Marie se réveille un matin avec des inconnus. Elle réalise qu'il s'agit de ses enfants et qu'elle a perdu le souvenir de douze années de sa vie. Mais quelle est la nature du traumatisme qui est à l'origine d'un tel oubli ?
Mais avant toute chose, Marie comprend rapidement, non sans une certaine angoisse, qu'une réalité terrible s'impose à elle.
Nul ne s'est aperçu de sa situation d'amnésique.
Elle doit donc donner le change.
Apprendre à connaître ses deux, puis -en réalité- ses trois enfants, son mari, sa vie d'avant...
Elle doit trouver l'explication à ce traumatisme psychique qu'elle finit par accepter comme une évidence douloureuse. Durant ce laps de temps, elle ment à tout le monde mais elle n'a pas le choix.
Cette quête devient même existentielle : « Mon premier mensonge, c'est finalement de m'être retrouvée dans la peau d'une autre.» (page 148).
Mais entre ses interrogations existentielles et ses devoirs de femme et d'épouse, elle n'a guère le temps de se complaire dans cette situation totalement inconfortable, car elle s’aperçoit de la complexité du monde dans lequel elle vit désormais.
Elle ne reconnaît pas la vie qu'elle mène. L'organisation familiale est totalement nouvelle. Ses connaissances d'avant son dépassées, elle assiste avec effarement à la puissance d'internet qui lui est inconnu : elle est totalement déphasée.
La tension est palpable entre ce qu'elle vit et les efforts qu'elle réalise pour paraître être normale ; elle consulte un docteur :
« Pour moi, il y a trois jours que j'ai rencontré Pablo. Dans la réalité, nous sommes douze ans plus tard et j'ai trois enfants avec lui. A part ça, aucune confusion. J'habite un appartement où il est facile de se repérer, j'ai découvert toutes les pièces, je retiens facilement comment aller d'un point à un autre, ce n'est pas très compliqué. C'est par contre fatigant de toute réapprendre, et surtout en ce qui concerne les enfants, j'ai l'impression d'inventer le quotidien au fur et à mesure. » (page 84)
Deux temps se superposent celui de la réalité et celui de la mémoire à faire retravailler....
Cette nouvelle vie engendre beaucoup de malaise, mais également des situations totalement cocasses.
L'oubli n'a rien de vraiment confortable.
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