L'homme et la mer (Baudelaire)

Repères : thème de la mer : présentation

Ô frères implacables 

Dans l'article précédent, nous avons évoqué le parfum de la brise marine qui attire le poète désenchanté. Pour achever notre présentation, il sera question de considérer les nombreux parallèles entre l'homme et la mer.

Sous la plume de Baudelaire, la profondeur des abîmes marins n'est pas sans rappeler celle du cœur insondable de l'homme.

Le poète achève son poème en apostrophant la mer, devenue par sa force et sa rage de vaincre, "frère" de l'homme.

***

"Homme libre, toujours tu chériras la mer !
La mer est ton miroir ; tu contemples ton âme
Dans le déroulement infini de sa lame,
Et ton esprit n’est pas un gouffre moins amer.

Tu te plais à plonger au sein de ton image ;
Tu l’embrasses des yeux et des bras, et ton cœur
Se distrait quelquefois de sa propre rumeur
Au bruit de cette plainte indomptable et sauvage.

Vous êtes tous les deux ténébreux et discrets :
Homme, nul n’a sondé le fond de tes abîmes ;
Ô mer, nul ne connaît tes richesses intimes,
Tant vous êtes jaloux de garder vos secrets !

Et cependant voilà des siècles innombrables
Que vous vous combattez sans pitié ni remord,
Tellement vous aimez le carnage et la mort,
Ô lutteurs éternels, ô frères implacables !"

Les fleurs du mal, Baudelaire

http://fr.wikisource.org/wiki/Les_Fleurs_du_mal/1861/L%E2%80%99Homme_et_la_Mer

repères à suivre : l'étude sur la mer : le marin est l'homme le plus libre au monde !