Analyse-Livres & Culture pour tous
5 Avril 2010
L'état de nature pour Hobbes est un état de guerre de tous contre tous. Il établit un lien entre l'homme et le loup, parallèle saisissant, indépassable si l'on doit parler du rapport des hommes entre eux dans leur aspect le plus tragique.
Repères : thème de l'autre : l'un et l'autre
Dans l'article précédent, il a été question de découvrir le détail du numéro consacré au thème de l'Autre dans la littérature. Il vous est proposé d'en voir aujourd'hui une présentation au travers d'illustrations célèbres puisées dans le répertoire classique.
Nous débutons aujourd'hui avec un philosophe anglais du XVIIe siècle, Hobbes.
Célèbre pour son œuvre immense, Léviathan, il est un des théoricien de la nature de l'homme avant de développer la fameuse théorie du contrat social reprise par Rousseau au siècle suivant.
Quelle est donc cette vision de l'homme qu'il exprime ? Une vision forte et tranchante selon laquelle l'homme, loin d'être bon par nature, est animé au contraire d'un désir permanent qu'il cherche à assouvir par tous les moyens.
Hobbes
Ainsi, l’état de nature pour Hobbes est un état de guerre de tous contre tous. Il le décrit de cette manière : ” Il règne une peur permanente, un danger de mort violente. La vie humaine est solitaire, misérable, dangereuse, animale et brève. »
Il établit un lien entre l'homme et le loup, parallèle saisissant, indépassable si l'on doit parler du rapport des hommes entre eux dans leur aspect le plus tragique. Retrouvez littéralement ce qu'il dit sur ce sujet dans son autre œuvre connue, le Citoyen.
Relisez la célèbre citation de Hobbes dans son contexte qui fait le parallèle entre l'homme et le loup. Dans ce contexte, il développera sa théorie du contrat social qui permet de remettre entre les mains d'un souverain sa liberté en échange de la paix.
« De sorte que Pontius Telesinus n'avait pas moins de raison lorsque dans le combat qui se fit à la porte colline contre Sylla, il s'écria passant au travers des rangs de ses soldats, qu'il fallait démolir la ville de Rome, parce qu'on trouverait toujours des loups ravissants qui envahiraient la liberté de l'Italie, si l’on n'abattait la forêt où ils avaient coutume de se retirer. Et certainement il est également vrai, et qu'un homme est un dieu à un autre homme, et qu'un homme est aussi un loup à un autre homme.(...)
Et ici, les désordres des méchants contraignent ceux mêmes qui sont les meilleurs de recourir, par le droit d'une légitime défense, à la force et à la tromperie, qui sont les vertus de la guerre, c'est-à-dire à la rapacité des bêtes farouches; laquelle, quoique les hommes, par une coutume qui est née avec eux, se l'imputent mutuellement à outrage, se représentant leurs actions dans la personne des autres ainsi que dans un miroir où les choses qui sont à la main gauche paraissent à la droite, et celles qui sont à la droite, à la gauche, n'est pas toutefois condamnée comme un vice par ce droit naturel qui dérive de la nécessité de sa propre conservation. »
Épître dédicatoire à monseigneur le comte de Devonshire, Thomas Hobbes (1642), le Citoyen ou les fondements de la politique. (traduction Sorbière)
repère à suivre : L'Autre pour Montesquieu