Analyse-Livres & Culture pour tous
26 Décembre 2013
Il vous est proposé comme à l'accoutumée en cette période de l'année de (re)découvrir la magie des contes. Ah ! les contes de notre enfance, la solitude brisée la veille de Noël par un éclair d'humanité...La Gazette en a publiés un certain nombre durant toutes ces années.
Il est bon de changer, de vous surprendre aujourd'hui.
Le conte qui a été choisi pour vous n'est nullement un récit édifiant. Non, c'est même l'exact contraire. Dans ce cas précis, on peut même parler d'un conte immoral. Mais il ne s'agit pas d'une immoralité bête et vulgaire. Cette trouvaille recèle mille et un traits d'esprit et d'humour. Il émane d'un très grand auteur américain de la fin du XIXème siècle : Mark Twain.
En ce temps de Noël, il est toujours temps de méditer sur les grandes questions de l'existence humaine : le bien, le mal... C'est précisément le mal qui va nous intéresser aujourd'hui et dans les articles à venir.
La Gazette publie l'histoire du méchant petit garçon, conte mordant qui nous narre la vie de Jim de son enfance à l'âge adulte. La question posée par ce récit est celle de savoir si le malheur prédispose à la méchanceté...
Vous verrez la savante leçon administrée par Mark Twain !
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"Il y avait une fois un méchant petit garçon qui s’appelait Jim. Cependant, si l’on veut bien le remarquer, les méchants petits garçons s’appellent presque toujours James dans les livres de l’école du dimanche. C’était bizarre, mais on n’y peut rien. Celui-la s’appelait Jim.
Il n’avait pas non plus une mère malade, une pauvre mère pieuse et poitrinaire, et qui eût souhaité mourir et se reposer dans la tombe, sans le grand amour qu’elle portait à son fils, et la crainte qu’elle avait que le monde fut méchant et dur pour lui, quand elle aurait disparu. Tous les méchants petits garçons dans les livres de l’école du dimanche s’appellent James, et ont une mère malade qui leur enseigne à répéter : Maintenant, je vais m’en aller… et chantent pour les endormir d’une voix douce et plaintive, et les baisent, et leur souhaitent bonne nuit, et s’agenouillent au pied du lit pour pleurer. Il en était autrement pour notre garçon. Il s’appelait Jim. Et rien de semblable chez sa mère, ni phtisie, ni autre chose. Elle était plutôt corpulente, et n’avait nulle piété. En outre elle ne se tourmentait pas outre mesure au sujet de Jim. Elle avait coutume de dire que s’il se cassait le cou, ce ne serait pas une grande perte. Elle l’envoyait coucher d’une claque, et ne l’embrassait jamais, pour lui souhaiter bonne nuit. Au contraire, elle lui frottait les oreilles quand il la quittait pour dormir."
Histoire du méchant garçon, Twain
http://fr.wikisource.org/wiki/Histoire_du_m%C3%A9chant_petit_gar%C3%A7on
repères à suivre : le conte : l'absence de cas de conscience (Mark Twain)