Analyse-Livres & Culture pour tous
23 Juin 2013
repères : thème du ridicule : l'étude
résumé : Il a été précédemment précisé le contexte de l'œuvre de William Boyd qui se situe en Afrique noire occidentale au sein d'une communauté d'expatriés britanniques. Premier adjoint des services consulaires depuis trois ans, Morgan Leafy se voit confier la mission d'approcher le chef d'un parti politique local.
Morgan Leafy profite de l'organisation pour les besoins de la cause d'une soirée cinématographique dans les services consulaires pour approcher le candidat. Son émotion est palpable. Il doit dépasser ses appréhensions pour réussir la première étape de sa mission, celle de la prise de contact. L'entrée en matière se passe dans des conditions cocasses. Le jeune homme cherche à prendre un air dégagé et fait preuve d'une maladresse insigne. Le ridicule de la situation le saisit lorsqu'il tente de rattraper vainement sa « cible » qui le dédaigne :
« Non, Mr. Leafy, dit-il finalement. Je ne pense vraiment pas que ce soit là des sujets de conversation séduisants. Et d'ailleurs je crois que vous êtes devant le projecteur. » (page 147). L'apprenti espion se fait purement et simplement éconduire par le notable Kinjanjais, particulièrement ombrageux. Comment le jeune diplomate va-t-il pouvoir justifier de son fiasco devant sa hiérarchie ?
Heureusement, une nouvelle opportunité d'approcher l'impossible Adekunlé lui est offerte. Il aborde cet ultime rendez-vous avec une offre qu'il pense alléchante : il reçoit comme instruction d'appâter le candidat : « offrez lui cela comme une sorte de récompense : par exemple un ticket d'avion de première classe et deux ou trois nuits au Claridge. Cela devrait le mettre au pas. » (page 170)
Les choses ne se passent pas comme prévue : le candidat approché ressent comme un ultime affront cette offre qui rappelle l'époque colonialiste. Il va jouer avec les nerfs de notre chargé consulaire...
Un agent secret peu informé
Morgan Leafy a beau constituer un dossier sur Adekunlé, il est manifeste qu'il ne maîtrise pas son sujet. Son incompétence est totale : il note des informations qu'il extrait principalement des journaux. C'est sur la base de ce dossier -vide- qu'il établit des rapports agrémentés de vagues rumeurs et de suppositions. Dans un premier temps, il est toute à l'exaltation de sa mission avant de réaliser la vacuité de sa tâche. Il finit par s'apercevoir du ridicule de son statut d'agent secret lorsqu'il discute avec une personne manifestement plus informée que lui. Il en conçoit de la honte :
« le nuage opaque de son ignorance semblait grossir à vue d'œil. Il décida de se taire avant que Muller ne s'aperçoive de sa totale incompétence. Il eut brusquement honte : le Kinjanja demeurait un mystère pour lui. (….) »
L'apprenti espion commet de surcroît des imprudences qui le conduisent à perdre la maîtrise du dossier. L'Angleterre n'en sortira pas grandie ...
Repères à suivre : l'étude : la perte de toute influence britannique (W. Boyd)