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Analyse-Livres & Culture pour tous

Gazette littéraire

L'enrôlement volontaire de Théodore de Lauzun (M.Aragnieux)

L'enrôlement volontaire de Théodore de Lauzun (M.Aragnieux)

 

 

repères : thème de la guerre : le feuilleton : Théodore de Lauzun

 

Résumé : En ce 3 août 1914, Théodore de Lauzun sent son âme se dilater à l'annonce de la déclaration de guerre de l'Allemagne à la France. « Les casques à pointe allaient voir ce qu'ils allaient voir ! » Le jeune garçon aspire à embrasser la carrière militaire. Le respect de la tradition s'accomplit en ce jeune homme. Pour sa famille, l'arbre donne du fruit, mais il en donne trop tôt en ce mois d'août 1914...


***

La guerre, source du conflit entre le père et le fils

Le conflit entre les Nations qui surgit en ce mois d'août 1914 changea la donne au domicile des Lauzun. Théodore voyait les scènes de combat lui offrir l'occasion de réaliser son rêve, de participer au plus tôt à cette guerre. La loi lui permettait, dès ses dix-sept ans, de s'engager volontairement. Il ne lui était pas possible d'attendre la conscription, c'est à dire ses vingt ans. Le jeune homme pensa que la guerre serait déjà finie. Il ne voulait pas laisser échapper sa chance. Sa décision était prise. Il partirait dans les meilleurs délais.

 

Le fils s'en ouvrit au père qui s'opposa vivement à ce qu'il considérait comme une toquade d'écervelé. Martial de Lauzun ne voulait pas que son fils ruine sa carrière militaire en renonçant à passer son baccalauréat ; il perdrait ainsi toutes ses chances d'accéder à la voie royale de St Cyr. Il rappela à son héritier que chez les Lauzun, on accédait à l'armée par la grande porte et non par l'entrée dérobée. On était officier ou l'on était rien.

-Rien, je veux être rien, si un vulgaire seconde classe peut être rien à vos yeux, répliqua Théodore. Je veux aller servir à n'importe quel prix !

-Tu ne sais pas ce que cela signifie ! répondit son père d'un ton plein de courroux.

Ce fut un vif débat qui eut lieu entre les deux hommes. Mais l'autorité du père en imposa encore à Théodore. C'est ainsi que le fils fut renvoyé à ses chères études.

 

Il passa dès lors son baccalauréat en 1915. En son for intérieur, il n'avait pourtant pas renoncé à combattre. Bien au contraire, il suivait les faits d'armes avec une attention soutenue. Il priait le soir pour que le conflit ne s'arrêtât pas avant son incorporation. De ce point de vue, le jeune homme était pleinement exaucé. Le conflit armé en 1915 laissait les troupes dans des lignes pour le moins mouvantes. Les positions n'étaient jamais totalement acquises. Une victoire un jour, une défaite un autre jour.

 

L'infanterie

L'ardeur de Théodore n'en fut que plus vive. Il profita d'une circonstance donnée pour obtenir le droit de s'enrôler, enfin. L'école de Saint-Cyr -dans l'état actuel des choses- ne prenait plus d'aspirants. La promotion de 1914 dite de "la Grande Revanche" avait vu ses derniers membres prêter serment de monter au front "en gants blanc et casoars". Cette phrase avait résonné dans la tête du jeune homme. Il voulait en être, même sans les gants blancs...


Martial de Lauzun ne trouva dès lors plus aucun argument valable à opposer à son fils qui, de son côté, ne voulut plus s'en laisser conter. Au mois de septembre 1915, le jeune homme s'engagea enfin dans l'armée. Versé dans l'infanterie, il devint le caporal Théodore de Lauzun ; ce grade subalterne chagrina évidemment la profonde vanité de Martial. Les pleurs de sa mère et l'orgueil du père ne découragèrent pas notre brave soldat, tout heureux d'en découdre enfin avec l'ennemi. Il se sentait investi d'une mission ; il était invulnérable. Du moins, le croyait-il...

 

repères à suivre : le feuilleton : la découverte du théâtre des opérations (M.Aragnieux)

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