19 Mars 2012
Le réveil de la douleur
(repères : thème du corps : l'étude)
Il a été précisé dans l'article précédent consacré à la lecture de la Maison blanche de Léon Werth que la narrateur atteint d'une otite purulente est opéré en urgence. Il jouit de son statut de malade.
Les journées du héros sont rythmées par un défilé du personnel médical qui se succède au fil des heures. Les journées sont longues, les nuits lourdes.
Il se remet à souffrir intensément des élancements dans l'oreille. Il décrit finement son mal à l'aide de deux métaphores puissantes. Ainsi la résonance de la douleur aiguë dans sa tête fait référence à un bruit sourd d'une coque d'un cuirassé dans un chantier naval tandis que son caractère lancinant est comparé à la chaîne du chien de ferme qui, même si elle se tend et se détend, le ramène inexorablement à sa niche (page 86).
La description de la douleur physique est ainsi minutieuse et très poétique.
Un éblouissement devant le spectacle de la douleur
Mais loin de s'en plaindre, la souffrance le conduit à un « éblouissement admiratif devant un beau spectacle. » (page 88). Là encore, cette description de la douleur ne procède pas d'une vue de l'esprit. Le malade -toujours aussi lucide- ne peut être "ébloui" que pour une raison bien simple. Il bénéficie d'un médicament bien précis :
« Enfin je n'ai vraiment éprouvé le sentiment de souffrir en perfection, je n'ai été spectateur ébloui et consentant, que du jour où j'ai su que ma douleur, si elle était intolérable, pouvait être calmée par la morphine. » (page 88).
Le charme d'une douleur ne peut être apprécié que parce que la souffrance sait être soulagée. Il n'en va de même pour toutes les souffrances. L'auteur a la décence de reconnaître le cadre étroit du bonheur qu'il souligne...
La morphine est entrée dans le protocole médical du malade
Repères à suivre : le thème du corps : la vie "hors du blanc"