Analyse-Livres & Culture pour tous
23 Août 2010
Dans la Lettre sur les aveugles, Diderot s'intéresse aux questions morales. Le point de vue de l'aveugle-né déconcerte grandement ses interlocuteurs car l'aveugle ne connaît pas la notion de pudeur, ni celle de pitié. Il ressort de l'entretien que ce sont les sens qui reflètent les jugements de valeur. Il n'existerait pas de loi morale inscrite indistinctement dans le cœur de l'homme.
(Repères : thème des sens : l'étude)
Dans l'article précédent, nous avons découvert précédemment les facultés impressionnantes de l'aveugle-né du Puiseaux. Il reste à l'interroger sur sa faculté de jugement.
Venons-en aux questions morales qui intéressent en réalité Diderot. Sur le plan moral, le point de vue de l'aveugle-né déconcerte grandement ses interlocuteurs, car il ne connaît pas la notion de pudeur, ni celle de pitié.
S'il prend en aversion le vol, ce n'est nullement pour des raisons éthiques, mais pour des motifs pragmatiques : il ne voit pas lorsqu'on le vole et inversement, il ne peut pas voler de crainte d'être surpris ! L'auteur en conclut que :
« Notre métaphysique ne s'accorde pas mieux avec la leur. Combien de principes pour eux qui ne sont des absurdités pour nous, et réciproquement !»
Il ressort de l'entretien que ce sont les sens qui reflètent les jugements de valeur. Il n'existerait pas de loi morale inscrite indistinctement dans le cœur de l'homme.
Et la lettre se poursuit dans la même veine avec l'ultime révélation d'un autre aveugle-né qui, lui, a bien existé.
Sur son lit de mort, Saunderson remet ainsi en cause sa croyance déiste pour considérer que la nature n'est pas une machine bien ordonnée et qu'il n'y a pas de Dieu ou de Raison qui expliquerait le monde compris comme un vaste chaos ….
Évidemment, c'est le sens profond de la philosophie de Diderot : la supériorité intellectuelle de l'aveugle-né sert en l'occurrence à démontrer que le voyant vit dans la confusion totale et dans l'erreur profonde.
L'aveuglement des hommes serait donc complet.
Voyons s'il en est de même à la lecture de la Symphonie Pastorale de Gide.
Repères à suivre : l'étude : une orpheline arriérée dans la symphonie pastorale (Gide)