Analyse-Livres & Culture pour tous
17 Avril 2010
Il vous est proposé de surprendre autrui en train de s'interroger lui-même face à son miroir au travers d'une page d'anthologie du Rouge et le Noir de Stendhal.
repères : thème de l'Autre : L'un et l'Autre (IV)
Dans l'article précédent, nous avons évoqué l'empreinte du souvenir sous la plume de Musset, aujourd'hui, il sera question de voir la part de l'autre dans le miroir.
La Gazette vous propose de découvrir le jeu du miroir devant lequel on s'examine. On s'interroge sur l'autre se réfléchissant dans la glace.
Pour cela, nous allons retrouver un personnage célèbre de la littérature française, Julien Sorel, héros du Rouge et Le Noir de Stendhal, roman publié en 1830 qui a fait l'objet d'une longue étude détaillée :
Il vous est proposé de retrouver les principaux axes de présentation de l’œuvre :
Relisez avec délice le passage où le jeune évêque d'Agde se prépare pour une procession grandiose dans les rues de Verrières. Il s'est placé devant sa psyché et se contemple.
Que fait-il ?
C'est la question que se pose Julien Sorel qui est le témoin de cette scène d'anthologie qui n'est pas sans rappeler celle du flambeau tenue par la Princesse de Clèves dans le roman éponyme de madame de La Fayette.
« À l’autre extrémité de la salle, près de l’unique fenêtre par laquelle le jour pénétrait, il vit un miroir mobile en acajou. Un jeune homme, en robe violette et en surplis de dentelle, mais la tête nue, était arrêté à trois pas de la glace. Ce meuble semblait étrange en un tel lieu, et, sans doute, y avait été apporté de la ville. Julien trouva que le jeune homme avait l’air irrité ; de la main droite il donnait gravement des bénédictions du côté du miroir.
Que peut signifier ceci ? pensa-t-il : est-ce une cérémonie préparatoire qu’accomplit ce jeune prêtre ? C’est peut-être le secrétaire de l’évêque... il sera insolent comme les laquais... ma foi, n’importe, essayons.
Il avança et parcourut assez lentement la longueur de la salle, toujours la vue fixée vers l’unique fenêtre, et regardant ce jeune homme qui continuait à donner des bénédictions exécutées lentement mais en nombre infini, et sans se reposer un instant.
À mesure qu’il approchait, il distinguait mieux son air fâché. La richesse du surplis garni de dentelles arrêta involontairement Julien à quelques pas du magnifique miroir. »
Le Rouge et le Noir, Stendhal, 1ère partie, chapitre 18, wikisource.
repère à suivre : le dédoublement de personnalité (Stevenson)