23 Novembre 2011
Dans La Carte et le Territoire de Michel Houellebecq, Jed Martin, après ses échecs dans sa recherche créative, entre finalement dans le jeu de la marchandisation de l'art et gagne une fortune considérable...
Repères : le thème de l'Art : l'étude (Balzac/Houellebecq)
Il vous est proposé la progression suivante de l'étude consacrée au thème de l'art :
-Les deux conceptions de l'art (Balzac/Houellebecq) : présentation générale
- Le Chef d’œuvre inconnu de Balzac :
- La Carte et le Territoire de Michel Houellebecq :
Dans l'article précédent, il a été indiqué dans La Carte et le Territoire de Michel Houellebecq le nouveau projet artistique de Jed Martin. Rien n'échappe à son regard sur le monde moderne, mais il connaît un échec s'agissant notamment du portrait d'un artiste figurant dans son œuvre intitulée « Damien Hirst et Jeff Koons se partageant le monde de l'art » : il sent qu'il piétine, qu'il n'arrive à rien. Il la détruira donc dans un moment de rage et de désespoir.
Évidemment, il faut comprendre, dans la destruction de cette œuvre, un échec marquant l'impossibilité pour l'artiste de toucher à l'Absolu : Jed Martin entre finalement dans le jeu de la marchandisation de l'art, en raison du prix inouï qu'il perçoit de la vente de ses toiles qui valent plusieurs millions d'euros. Il accepte dès lors sa nécessaire compromission face aux règles du marché.
Le malaise est à son comble lorsque le héros apprend l'existence de la vocation artistique avortée de son propre père. Le récit des rêves fous de ce dernier et de ses échecs explique bien des évènements familiaux dans la vie du jeune homme.
La relation père et fils trouve son paroxysme de beauté et de vérité dans cette longue discussion sur l'Art où l'on trouve l'incroyable récit notamment de la vie de William Harris, peintre pré-raphaélite qui refusa de faire de son art une activité commerciale et industrielle (2ème partie).
Le fils ne cessera alors plus de considérer son père avec un regard neuf :
« Les derniers dessins réalisés par son père n'évoquaient en aucun cas un bâtiment habitable, en tout cas par des humains. Des escaliers en spirale montaient vertigineusement jusqu'aux cieux, rejoignant des passerelles ténues, translucides, qui unissaient des bâtiments irréguliers, lancéolés, d'une blancheur éblouissante dont les formes rappelaient des cirrus. Au fond, se dit tristement Jed en refermant le dossier, son père n'avait jamais cessé de vouloir bâtir des maisons pour les hirondelles.» (page 406)
Une conception de l'art, un idéal du père, loin de l'univers du fils.
Repères à suivre : l'étude : le triomphe de la Nature (Houellebecq)