4 Novembre 2011
Théophile Gautier dans son ouvrage Du beau dans l'art, définit ce qu'est un artiste : une personne dotée d'un sixième sens : "Les arts ont cela d’admirable et de particulier, que l’esprit le plus lucide, le raisonnement le plus juste, joints à l’érudition la plus vaste et au travail le plus opiniâtre ne servent à rien quand on n’a pas le sixième sens."
Repères : thème de l'Art : introduction
La Gazette littéraire propose durant tout le mois de novembre 2011 d'établir le lien entre la Littérature et les Beaux-Arts au travers d'une présentation sous forme d'anthologie, suivant la progression suivante :
Après avoir défini avec Emerson, ce qu'est l'Art, voyons aujourd'hui ce qu'est ...un artiste.
Dans l'extrait qui vous est présenté aujourd'hui, il apparaît clairement qu'un artiste est une personne dotée d'un sens particulier, totalement inné. C'est un personnage unique, au même titre que son œuvre singulière.
Il est doté d'un sixième sens que les profanes, ne pourront jamais acquérir.
N'est donc pas artiste qui veut n'en déplaise à l'illustre peintre du dimanche qu'est... Litteratus.
Tel est l'exposé qu'en fait Théophile Gautier dans son ouvrage Du beau dans l'art,
"Si vous n’avez pas la bosse, cherchez quelque honnête métier, quelque emploi lucratif ; mais, croyez-m’en, ne passez jamais votre pouce dans le trou d’une palette, ne vous servez du papier que pour faire des factures ou des quittances, et gardez-vous de laisser tomber vos doigts sur l’ivoire d’un clavier, car vous n’êtes, ne fûtes et ne serez jamais que ce que les étudians allemands appellent un philistin, et les artistes français un bourgeois. Les arts ont cela d’admirable et de particulier, que l’esprit le plus lucide, le raisonnement le plus juste, joints à l’érudition la plus vaste et au travail le plus opiniâtre, ne servent à rien quand on n’a pas le sixième sens. Ceci ne veut pas dire que les gens doués ne doivent pas étudier, mais que l’étude est parfaitement inutile à ceux qui ne le sont pas. L’art, différent en cela de la science, recommence à chaque artiste. Hors quelques procédés matériels de peu d’importance, tout est toujours à apprendre, et il faut que l’artiste se fasse son microcosme de toutes pièces. En art, il n’y a pas de progrès : si le bateau à vapeur est supérieur à la trirème grecque, Homère n’a pas été dépassé, Phidias vaut Michel-Ange, auquel notre âge n’a rien à opposer. Chaque poète, chaque peintre, chaque sculpteur emporte son secret avec lui ; il ne laisse pas de recettes. Le grain des toiles, la manutention des couleurs, le choix des pinceaux dont il se servait, voilà tout ce que l’on peut s’approprier de son expérience. Un chimiste, un mathématicien, un astronome, prennent la science juste au point où leurs illustres prédécesseurs l’ont laissée, et la conduisent, autant que leur génie le permet, à un point où d’autres la reprendront ; mais cette conception du beau, qui emploie pour se produire les formes et les symboles extérieurs qui l’ont excitée, n’est pas additionnellement perfectible. Tout homme qui n’a pas son monde intérieur à traduire n’est pas un artiste."
Du beau dans l'art, Théophile Gautier
https://fr.wikisource.org/wiki/Du_beau_dans_l%E2%80%99art
Repères à suivre : la protection des arts