19 Octobre 2011
Dans la pièce d'Anouilh, le Voyageur sans bagage, le ressort se situe au niveau du décalage patent entre le regard porté sur l'amnésique et le point de vue insolite de notre soldat sur cette quête d'identité...
Repères : Thème de la Mémoire : l'étude du mois
Repères : Thème de la Mémoire : l'étude du mois
Après avoir présenté les deux œuvres consacrées à l'amnésie dans le champ littéraire, nous continuons l'étude de la pièce de théâtre d'Anouilh, représentée en 1937, le Voyageur sans bagage selon la progression suivante :
Il a été présenté précédemment, l'intrigue de la pièce de théâtre d'Anouilh qui met en scène un soldat amnésique de la Première Guerre Mondiale, nommé arbitrairement Gaston, que tous croient reconnaître pour membre de leur famille. L'opinion publique se passionne pour cette affaire unique dans les annales...
Une aristocrate à court d'occupations s'empare du cas inédit et cherche, avec un enthousiasme débordant, à retrouver la famille originelle de Gaston.
Mais qu'en est-il de notre amnésique ?
Attend-il avec impatience cette famille qui lui aurait tant manqué ?
Premier effet de surprise dans cette pièce qui comprend de nombreux basculements imprévus : Gaston ne partage nullement l'engouement populaire. Cette recherche le laisse de marbre. Pire, il fait preuve d'une désinvolture qui choque ses bienfaiteurs.
Le ressort de la pièce se situe au niveau du décalage patent entre le regard porté sur l'amnésique et le point de vue insolite de notre soldat sur cette quête d'identité :
« J'étais si tranquille à l'asile... je m'étais habitué à moi, je me connaissais bien et voilà qu'il faut me quitter, trouver un autre moi et l'endosser comme une vieille veste. Me reconnaîtrai-je demain, moi qui ne bois que de l'eau, dans le fils du lampiste à qui il ne fallait pas moins de quatre litres de gros rouge par jour ? Ou, bien que je n'aie aucune patience dans le fils de la mercière qui avait collectionné et classé par familles douze cents sortes de boutons ? » (1er tableau).
L'angoisse de la découverte de son identité tient notre héros, finalement pas si désinvolte que cela ; il sait que sa tranquillité ne sera plus la même. Mais une question se fait jour en lui : qui était-il au fond?
Repères à suivre : un triste portrait de soi