14 Mars 2011
Relisons le poème de Mallarmé, "La chair est triste, hélas ! et j’ai lu tous les livres." qui lance son vers célèbre pour dire son découragement de la vie et pour avouer son désir baudelairien de fuir.
Repères : thème du livre : présentation
Dans l'article précédent, nous avons vu les affres du collectionneur avec Asselineau. Il est établi que notre culture provient de nos études et de nos lectures.
Cependant ces connaissances nous renvoient à la plus élémentaire des sagesses : nous savons en réalité que nous ne savons... rien.
Relisons le poème de Mallarmé qui lance son vers célèbre pour dire son découragement de la vie et pour avouer son désir baudelairien de fuir.
Apprécions la concision de ce premier vers traitant du dessèchement intellectuel de l'homme qui, en dépit de ses nombreuses lectures, n'en sait pas plus qu'avant...
À méditer !
"La chair est triste, hélas ! et j’ai lu tous les livres.
Fuir ! là-bas fuir ! Je sens que des oiseaux sont ivres
D’être parmi l’écume inconnue et les cieux !
Rien, ni les vieux jardins reflétés par les yeux
Ne retiendra ce cœur qui dans la mer se trempe
Ô nuits ! ni la clarté déserte de ma lampe
Sur le vide papier que la blancheur défend,
Et ni la jeune femme allaitant son enfant.
Je partirai ! Steamer balançant ta mâture
Lève l’ancre pour une exotique nature !
Un Ennui, désolé par les cruels espoirs,
Croit encore à l’adieu suprême des mouchoirs !
Et, peut-être, les mâts, invitant les orages
Sont-ils de ceux qu’un vent penche sur les naufrages
Perdus, sans mâts, sans mâts, ni fertiles îlots…
Mais, ô mon cœur, entends le chant des matelots !"
Brise marine, Poésies, Mallarmé
http://fr.wikisource.org/wiki/Brise_marine_%28St%C3%A9phane_Mallarm%C3%A9%29
Repères à suivre : Anatole France