Analyse-Livres & Culture pour tous
21 Mars 2013
Repères : thème de soi : l'étude
Après avoir parcouru ensemble Mrs Dalloway de Virginia Woolf, changeons d'atmosphère avec le roman de Jonathan Coe, la vie très privée de Mr. Sim.
Un homme, une solitude
Vendeur d'électro-ménager à Londres, Maxwell Sim, « être archi-banal » (page 219) se trouve, le jour de la St Valentin, dans un restaurant à Sydney en train de contempler le spectacle d'une mère chinoise et de sa fille jouant aux cartes. Cette image attachante lui renvoie soudainement, tel un écho, le reflet de sa propre misère et de sa solitude. Son père installé en Australie ne s'intéresse pas à lui, et sa femme, Caroline l'a en outre quitté avec leur fille, après quinze ans de mariage, en laissant en suspens cette question :
« Comment avoir de l'affection pour un homme qui ne s'aime pas lui-même ? » (page 27)
Telle est en effet la question : l'absence d'amour de soi demeure perceptible chez Max qui, circonstance remarquable, est servi le plus souvent qu'à son tour par une franche déveine. Après six mois de dépression, le personnage semble néanmoins prêt à reprendre le goût à la vie et à entrer en contact avec les autres.
« ( …) c'est qu'avoir vu la Chinoise et sa fille avait réveillé inopinément son besoin de parler. Je mourais d'envie de parler. » (page 39)
Un besoin de briser sa solitude
Deux rencontres insolites vont avoir lieu à bord du vol du retour. Avide de contacts, il abreuve de paroles son voisin qui décèdera d'une crise cardiaque. Mais son besoin de parler reste insatiable, il finit par faire la connaissance d'une jeune femme, Poppy ; il lui parle toujours avec volubilité. Cette dernière lui permet de découvrir la biographie d'un navigateur convaincu de tricherie, disparu en mer. Cette histoire fascine notre personnage qui croit retrouver dans cet anti-héros, son propre père. En réalité, c'est bien Max qui va s'identifier personnellement à cet homme.
De retour, chez lui, il consulte sa messagerie électronique remplie de spams et ressent encore plus la solitude de sa situation. Un espoir se fait jour pourtant : un de ses vieux amis, Trévor, l'invite un soir à boire un verre. Il s'agit pour lui de l'ultime chance de briser la solitude :
« C'était un vrai courriel, envoyé par une vraie personne. J'ai cliqué dessus, et j'ai été submergé par une vague de soulagement et de bonheur en lisant ces mots qui, sur le moment, m'ont paru aussi éloquents, aussi émouvants, aussi empreints de grâce et de sens que des vers de Shakespeare ou de tout autre poète universel. » (page 119).
Il va la saisir dans l'espoir de percer une brèche dans le mur de la solitude...
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