Cruauté de certains divertissements (Maupassant)

Repères : thème du divertissement : présentation générale

Rire aux dépens d'autrui

Pour clore sur la question du divertissement pris comme un simple amusement, la Gazette vous en propose de découvrir, après les amusements d'un goût douteux ou sur le mode caustique, une distraction bête et méchante.

Il s'agit en effet d'apprécier la portée de plaisanteries faites aux dépens d'autrui. 

En l'occurrence, le texte nous rapporte les faits relatifs à un aveugle qui fait l'objet de brimades gratuites.

Une cruauté terrible.

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"On imagina toutes les farces cruelles que sa cécité put inspirer. Et, pour se payer de ce qu’il mangeait, on fit de ses repas des heures de plaisir pour les voisins et de supplice pour l’impotent.
Les paysans des maisons prochaines s’en venaient à ce divertissement ; on se le disait de porte en porte, et la cuisine de la ferme se trouvait pleine chaque jour. Tantôt on posait sur la table, devant son assiette où il commençait à puiser le bouillon, quelque chat ou quelque chien. La bête avec son instinct flairait l’infirmité de l’homme et, tout doucement, s’approchait, mangeait sans bruit, lapant avec délicatesse ; et quand un clapotis de langue un peu bruyant avait éveillé l’attention du pauvre diable, elle s’écartait prudemment pour éviter le coup de cuiller qu’il envoyait au hasard devant lui.
Alors c’étaient des rires, des poussées, des trépignements des spectateurs tassés le long des murs. Et lui, sans jamais dire un mot, se remettait à manger de la main droite, tandis que, de la gauche avancée, il protégeait et défendait son assiette.
Tantôt on lui faisait mâcher des bouchons, du bois, des feuilles ou même des ordures, qu’il ne pouvait distinguer. "

L'aveugle, contes divers (1882) Maupassant

http://fr.wikisource.org/wiki/L%E2%80%99Aveugle_%28Maupassant%29

Repères à suivre : présentation générale : distraction comprise comme du vol (affaire de la Joconde)