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Analyse-Livres & Culture pour tous

Gazette littéraire

Charles Cronin, professeur à Christ Church (1)

 

 

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Repères : tour d'Angleterre : Oxford


La Gazette Littéraire fixera ses attaches à Oxford dans l'univers d'un professeur de philosophie. Ce dernier a dédié sa vie à la spéculation de l'esprit. Il n'est pas doté d'un sens pratique. Le voilà portant confronté à une situation inédite. Retrouvez notre intellectuel aux prises avec les difficultés de la vie moderne.

Un feuilleton de la Gazette littéraire à lire ou (re)lire...

 

***

 

Un homme tout désemparé

Charles Cronin, professeur de philosophie depuis plus de trente ans à Christ Church Collège d'Oxford, se leva comme à l'accoutumée à sept heures. Il eut en ce jour un vrai déplaisir à sortir de sa couette épaisse compte tenu du froid glacial qui fouettait ses membres. La chaudière avait dû s'arrêter dans la nuit! pensa-t-il naturellement. Ce n'était pas la première fois que la machine s'éteignait sans raison. Revêtant sa robe de chambre écossaise et ses chaussons bleu marine à écusson décoratif, il descendit et se dirigea vers le placard de la cuisine pour tenter de faire redémarrer l'appareil. Il suivit la procédure consistant à mettre l'appareil hors tension avant de réenclencher le bouton de mise en marche. L'essai fut un échec ; il récidiva vainement. Les indicateurs lumineux de couleur rouge indiquaient un défaut de pression, selon la notice collée sur l'appareil. Charles pesta contre son infortune.

 

Sa femme, Muriel, était partie pour une quinzaine de jours chez sa sœur, Emily, résidant aux États-Unis. Il se trouva ainsi tout désemparé avec ces questions domestiques qui le dépassaient complètement. C'était son épouse qui gérait habituellement les tracasseries de cette nature.

 

Cela tombait fort mal au demeurant. Cette semaine se présentait en effet comme un moment important dans son calendrier de recherches. Il se trouvait temporairement déchargé d'heures de cours, ce qui lui offrait le loisir d'avancer un travail d'étude à son domicile. Une nouvelle conférence à préparer sur le thème du divertissement occupait ainsi son esprit. C'est pourquoi cette chaudière en panne lui causait le plus grand embarras en cette période d'hiver rigoureux. Cette déconvenue lui rendrait la tâche bien compliquée. Travailler dans le froid, il détestait cela ; lui qui était si frileux avec l'âge. Cela l'empêcherait de jouir du temps qu'il s'était octroyé pour son auteur favori, Blaise Pascal. Quelle déveine ! dit-il en français !

 

Des tracasseries en série

Dépité, il porta son regard sur la seule chose qui lui donnerait du baume au cœur en bon anglais qui se respecte : une tasse de thé. Il fit bouillir de l'eau et, en attendant, il commença à desservir le lave-vaisselle, mis en route la veille. Il détesta cette corvée qu'il trouvait en son for intérieur indigne de lui. Heureusement, Muriel avait le tact de le préserver de toutes ses tâches passablement fastidieuses. Mais aujourd'hui, il n'avait pas le choix, il ouvrit donc l'appareil lorsqu'une odeur aigre de nourriture un peu rance l'étreignit. Il comprit que le programme de lavage n'avait pas démarré. Ce n'était décidément pas sa journée ! Il pesta cette fois en anglais. Il essaya de faire partir un nouveau cycle, mais l'appareil ne répondit nullement à ses injonctions. Voilà un deuxième sujet de contrariété pour la matinée qui n'était pour l'heure guère avancée. Que lui arriverait-il la prochaine fois ?

Mais une autre question l’assaillit aussitôt : comment devait-il procéder pour faire réparer cette machine ? Où se trouvait la documentation relative aux appareils domestiques ? Il n'en avait qu'une vague idée.

 

Agacé, il préféra prendre son breakfast avant de se mettre en quête des notices utiles. Quel froid !se dit-il en se réchauffant les mains sur sa tasse d'Earl Grey bouillante. Il se fit rôtir ses petits toasts qu'il badigeonna de confiture d'orange amer, sa préférée. Ses petits habitudes, il y tenait et rien ne l'irritait plus que d'avoir à gérer un grain de sable dans l'organisation bien huilée de ses journées longues et studieuses.

 

Voilà de quoi le détourner de son travail d'étude, le divertir au sens premier du mot, l'éloigner de ce qu'il devait faire : il en conçut à cette heure de l'aigreur...

 

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